Togo : la coalition de l’opposition met la pression à l’approche des élections
La coalition qui porte la contestation contre Faure Gnassingbé se dit prête au dialogue. À condition que le pouvoir donne des gages de bonne volonté.
Togo : la sortie de crise, c’est par où ?
Le pays attend toujours la fin du blocage politique qui le fragilise depuis un an. Pourtant, le temps presse s’il ne veut pas hypothéquer des performances économiques enfin prometteuses.
Un an après sa création, la coalition des 14 partis d’opposition (C14), qui mène la fronde contre le pouvoir, semble montrer des signes d’effritement. « Nous n’en sommes pas là, assure la présidente, Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. La C14 se porte bien et continue d’être à l’avant-garde de la lutte. » Accusant le camp d’en face de jouer la montre et surtout d’avoir infiltré les manifestations de l’an dernier, cette ex-enseignante en droit de l’université de Lomé affirme que la contestation est loin d’avoir faibli. « Nous avons décidé de donner une chance au dialogue pour sortir de la crise », poursuit-elle.
Si les appels de l’opposition à manifester se sont faits plus rares, c’est en raison des progrès engrangés par la médiation conduite par les présidents guinéen et ghanéen Alpha Condé et Nana Akufo-Addo, sous l’égide de la Cedeao. « La mise en œuvre de la feuille de route évolue de façon positive et a déjà permis à l’opposition, à commencer par la C14, de rejoindre la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] pour apporter sa contribution à la tenue d’élections transparentes, ouvertes et crédibles », se félicite Boukpessi Payadowa, ministre de l’Administration territoriale.
Libération des détenus politiques
La commission de la Cedeao a mandaté des experts chargés d’appuyer la Ceni. Un spécialiste constitutionnaliste accompagne ainsi l’élaboration des textes des réformes politiques et constitutionnelles chères à l’opposition, qui réclame la limitation du nombre de mandats présidentiels. « Le terrain d’entente que nous trouverons ne peut que déboucher sur l’alternance en 2020 », assure Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson.
Si, malgré nos recommandations, la Ceni reçoit l’ordre de préparer unilatéralement les élections, c’est que le régime est de mauvaise foi », affirme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson
Si elle se montre ouverte à un dialogue inclusif, la coalition attend, en contrepartie, la libération des détenus politiques. « La feuille de route préconise cette mesure en signe d’apaisement. C’est une question de bon sens. Elle doit intervenir sans délai », lance cette militante des droits humains. Pour exiger la remise en liberté des prisonniers de la coalition, le président du parti Les Démocrates, Nicodème Habia, a observé deux semaines de grève de la faim devant l’ambassade du Ghana.
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« Nous avons eu des blessés et des morts dans nos rangs, et cela n’a donné lieu à aucune arrestation ni à aucune enquête pour identifier les responsabilités et les auteurs de ces crimes, poursuit Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. En revanche, le régime interpelle systématiquement nos sympathisants, réels ou supposés. Des personnes ont été arrêtées à leur domicile en dehors de toute manifestation. Ces injustices poussent à la révolte. Si le régime veut aller vers une résolution de la crise, il devrait tendre la main en libérant les personnes arrêtées sans aucune charge ni preuve. »
Alors que les législatives approchent, la C14, qui affirme avoir désigné ses huit délégués au sein de la Ceni, met en garde contre toute précipitation. « Actuellement, le chronogramme ne permet pas d’organiser des élections transparentes, estime Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. Si, malgré nos recommandations, la Ceni reçoit l’ordre de préparer unilatéralement les élections, c’est que le régime est de mauvaise foi. » L’accalmie paraît plus que précaire…
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