Mali : les nouveaux visages de la politique
Qu’ils soient proches du gouvernement ou des figures de l’opposition, une nouvelle génération de leaders émerge au sein du paysage politique malien.
• Karim Keïta
Karim Keïta, 38 ans, a bien du mal à se défaire de l’étiquette de « fils de ». Né à Paris, formé en Belgique et au Canada, il est rentré au Mali en 2006. Élu député dans la commune II du district de Bamako en 2013 (sous la bannière du RPM, le parti fondé par son père), il est également le président de l’influente Commission défense, sécurité et protection civile de l’Assemblée nationale, un poste clé dans un pays en proie à des attaques jihadistes. Il s’est en parallèle fait une place dans le monde des affaires en créant plusieurs sociétés (dont l’une est spécialisée dans la location de voitures et une autre dans le conseil aux investisseurs).
• Mahamadou Camara
Archétype du jeune « repat » qui a d’abord travaillé en France (y compris au sein de Jeune Afrique Media Group) avant de rentrer au Mali en 2009, Mahamadou Camara, 41 ans, a été très engagé dans les campagnes du candidat IBK en 2013 et 2018. Directeur de cabinet du président au début de son premier mandat, puis ministre de l’Économie numérique, de l’Information et de la Communication, il est toujours à la tête d’Impact Média, l’entreprise qu’il a créée à son retour au pays. Même s’il dit ne pas vouloir briguer de mandat, il est secrétaire aux relations extérieures du RPM, le parti au pouvoir, et le président du mouvement Transformons le Mali !, lancé en juin.
• Moustapha Ben Barka
Secrétaire général de la présidence depuis janvier, Moustapha Ben Barka, 39 ans, a remplacé un Soumeylou Boubèye Maïga devenu Premier ministre. C’est l’un des plus proches collaborateurs d’IBK – en plus d’être son neveu. Très impliqué dans les discussions sur l’application de l’accord de paix d’Alger, il a aussi été, de 2013 à 2015, ministre délégué chargé de la promotion des investissements et de l’initiative privée. Il avait, avant de rentrer au Mali, occupé de nombreux postes dans le domaine de la finance, au Canada et sur le continent.
• Amadou Thiam
À 34 ans, Amadou Thiam est le plus jeune député de l’Assemblée nationale, dont il a été le deuxième vice-président. Créé en 2013, son parti, l’ADP-Maliba, a d’abord participé à la mouvance présidentielle avant de s’en éloigner puis de s’allier à Oumar Mariko.
Aujourd’hui, Thiam est un opposant fervent au chef de l’État. C’est en militant contre la réforme de la Constitution, en 2017, qu’il s’est fait connaître, incarnant cette jeunesse engagée qui donne de la voix dans l’arène politique et dénonce la mauvaise gouvernance. Il avait aussi été le directeur adjoint de la campagne d’Aliou Boubacar Diallo, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle.
• Diakité Kadidia Fofana
Le 13 août, au lendemain du second tour de la présidentielle, des militants sont regroupés devant le QG de campagne pour écouter Soumaïla Cissé. Quelques minutes avant l’arrivée du chef de file de l’opposition, Kadidia Fofana fait son entrée. Elle est à la tête d’une centaine de jeunes qui scandent son nom. Tiébilé Dramé, directeur de campagne de Cissé, ne tarit pas d’éloges sur son adjointe. « La relève est assurée ! » Cet engagement a valu à la conseillère municipale Adema de la Commune II du district de Bamako d’être exclue de son parti. Mais, à 34 ans, elle revendique sa liberté de ton et assume ses critiques acerbes envers le pouvoir. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’éducation et d’une autre en journalisme et communication, elle a été l’une des porte-parole de la plateforme Antè A Bana. Et elle préside le collectif des Amazones, qui lutte pour les droits des femmes au Mali.
• Mohamed Youssouf Bathily
Le célèbre activiste et animateur radio Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, 44 ans, a fait son entrée officielle en politique fin juin, en annonçant qu’il soutenait la candidature de Soumaïla Cissé à la présidentielle. Le deal ? Avoir le soutien du chef de file de l’opposition pour présenter des membres du Collectif pour la défense de la République (CDR) aux législatives. Ras Bath visait gros : quinze sièges de députés, de quoi constituer un groupe parlementaire. Après la présidentielle, il a annoncé son retour à la société civile, mais demeure un des leaders les plus écoutés et controversés de sa génération.
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