Sahara occidental : le grand bond en avant
Trois ans après son lancement, le « Nouveau Modèle de développement des provinces du Sud » prend forme. Un programme sur lequel Rabat entend s’appuyer pour faire prévaloir son approche de la question sahraouie.
À un mois de la table ronde sur le Sahara occidental entre le Maroc, l’Algérie, le Front Polisario et la Mauritanie, qui doit se tenir les 5 et 6 décembre à Genève, le royaume chérifien parachève la mise en place de son « Nouveau Modèle de développement des provinces du Sud », un ensemble de projets économiques visant à désenclaver cette région et à en normaliser la situation sociopolitique. Objectif : peser plus que jamais sur le rapport des forces, déjà largement en sa faveur, et le rendre irréversible.
La région Laayoune-Boujdour-Sakia El Hamra accapare en effet plus de la moitié des 81 milliards de dirhams (7,4 milliards d’euros) d’investissements prévus par le programme titanesque présenté devant le roi Mohammed VI à Laayoune en novembre 2015, à l’occasion du 40e anniversaire de la Marche verte. Ce grand chantier « procède d’une vision intégrée favorisant le renforcement du rayonnement du Sahara comme centre économique et comme trait d’union entre le Maroc et son prolongement africain », explique le président du Conseil régional, Hamdi Ould Rachid. Le statu quo saharien entravant cette stratégie africaine, le roi est résolu à prendre le taureau par les cornes.
Dans son dernier rapport sur la question, présenté en octobre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, note que, « pour le Front Polisario, ces investissements et activités de développement, de même que l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental, portent atteinte au droit international et au statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ». Mais les arguments du Front risquent fort de ne pas peser lourd tant les instances internationales s’impatientent face au prolongement du statu quo.
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Si le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé, fin octobre, la mission de l’institution dans le pays, il ne l’a fait que pour six mois, sous la pression des États-Unis, qui poussent à une résolution définitive et rapide du conflit. Quoi qu’il en soit, Rabat semble plus que jamais résolu à démontrer que la région fait partie du « tout national ». De fait, depuis quelques années, Laayoune, capitale des provinces du Sud, change à vue d’œil. Implantation d’enseignes internationales et nationales, nouveaux hôtels, mise à niveau urbaine, construction d’infrastructures, ouverture de missions d’enseignement étrangères… Un signe ne trompe d’ailleurs pas : la valeur de l’immobilier.
L’approche des investissements publics dans la région
« Le prix moyen du mètre carré s’est apprécié de 40 % sur les cinq dernières années », affirme ainsi Benmassaoud Mohamed Salem, vice-président de l’antenne sud de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Hamdi Ould Rachid, député-maire de Laayoune, n’en est pas peu fier. « Notre ville a remporté ces dernières années plusieurs prix de sécurité environnementale et de verdissement attribués par l’Organisation des villes arabes », se félicite-t-il.
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