Tunisie : la nomination d’un ministre juif, René Trabelsi, suscite fantasmes et polémiques

La nomination d’un juif, René Trabelsi, à la tête du ministère tunisien du Tourisme, a fait sensation. Cela n’était pas arrivé depuis les années 1950.

René Trabelsi, le directeur général de Royal First Travel, a été nommé le 13 novembre 2018 à la tête du ministère du Tourisme. © Vincent Fournier/JA

René Trabelsi, le directeur général de Royal First Travel, a été nommé le 13 novembre 2018 à la tête du ministère du Tourisme. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 12 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

« Vivre-ensemble », « terre de tolérance »… René Trabelsi est un adepte des formules toutes faites. Depuis des années, il égrène les clichés à longueur d’interviews. On dit de cet homme, que le chef du gouvernement a choisi comme ministre du Tourisme, qu’il est souriant, ouvert, bon vivant. De quoi coller à la carte postale de Djerba la douce, l’île tunisienne dont il est originaire.

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Patron d’une agence de voyages et membre de la commission d’organisation du pèlerinage de la Ghriba, à Djerba (l’un des rares événements du calendrier juif au Maghreb), René Trabelsi est un habitué des médias. Après l’annonce de sa nomination, le 5 novembre, ce juif tunisien a pourtant choisi de faire profil bas, attendant le vote de confiance de l’Assemblée. Piqué au vif par la rumeur qui lui attribuait la nationalité israélienne, il a néanmoins aussitôt démenti. Et de clamer : « J’ai sacrifié ma vie et ma liberté pour servir mon pays. La Tunisie m’a beaucoup donné, et c’est l’occasion de lui montrer ma gratitude. » Depuis, silence radio. Il est déjà rentré dans le rang.

Opération marketing

Ce choix continue pourtant de faire sensation. Les réseaux sociaux ont salué « un acte courageux », « un pas vers plus de tolérance et de fraternité ». D’autres ont aussi soupçonné le Premier ministre, Youssef Chahed, de s’être lancé dans une opération marketing. « Ça a pris une ampleur incroyable, s’agace Gabriel Kala, un ami de la famille. Il détonne parce qu’il est juif ! Et alors ? C’est rabaissant ! » « Réduire une personne à un adjectif est inconcevable », renchérit le président d’honneur de l’Amicale des juifs de Djerba à Paris.

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