Guinée : fin de la trêve entre le Premier ministre Kassory Fofana et le syndicaliste Aboubacar Soumah

Entre Ibrahima Kassory Fofana, le Premier ministre, et le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), que dirige Aboubacar Soumah, l’idylle est bel et bien terminée.

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Publié le 21 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

La rentrée des classes, prévue le 3 octobre dans les écoles publiques du niveau préuniversitaire, n’a pas eu lieu. Le SLECG exige comme préalable à la reprise du travail l’application d’un accord arraché le 13 mars au ­précédent gouvernement et fixant le salaire de base des enseignants à 8 millions de francs guinéens (772 euros).

Quand il avait succédé à Mamady Youla, le 21 mai, Kassory Fofana avait hérité du dossier. Il avait promis de mieux répartir les fruits de la croissance, et de faire passer celle-ci de 8 % à 10 %. Il s’était aussi engagé, conformément à l’article 58 de la Constitution, à « placer le dialogue social au centre des préoccupations de [son] gouvernement » et à « rencontrer tous les acteurs politiques et syndicaux ».

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Joignant l’acte à la parole, il avait reçu la commission des négociations le soir même de sa prise de fonctions et obtenu la suspension de la grève projetée pour le 26 mai. Mieux, le syndicat lui avait accordé une trêve jusqu’à la rentrée scolaire.

Grève et gaz lacrymogène

Certains avaient alors salué cette belle entrée en matière. En juillet, lors des manifestations contre la hausse du prix du carburant, Aboubacar Soumah était allé jusqu’à se désolidariser des autres syndicalistes, espérant, selon certains observateurs, que ces recettes budgétaires supplémentaires seraient affectées à la hausse des salaires des enseignants.

Mais soudain, tout se gâte. À l’approche de la rentrée, le dialogue vire au bras de fer. « Oui aux négociations, mais pas d’augmentation des salaires ni en 2019 ni en 2020 », prévient Kassory Fofana, en invoquant des difficultés économiques. « Tant qu’un homme n’est pas au pouvoir, il ne faut pas se presser de le juger », réplique Soumah.

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Le gouvernement engage de nouvelles recrues pour remplacer les grévistes. Les élèves les jugent incompétentes, réclament le retour des titulaires et manifestent parfois de manière spontanée, comme ce 12 novembre dans le centre-ville de Kaloum. Au même moment, à l’initiative de leur syndicat, les enseignants organisent des sit-in devant les services déconcentrés de l’éducation, à Conakry et dans les villes de l’intérieur. Les forces de l’ordre les dispersent parfois à coups de gaz lacrymogène. Le SLECG proteste contre l’arrestation du secrétaire général et de ses deux adjoints dans la section de Kissidougou (Sud-Est). On recense des blessés dans les communes de Matoto et de Matam.

Salaires suspendus

Dénonçant des intimidations, les enseignants demandent que leur salaire, suspendu, leur soit versé… tout en laissant la porte des négociations ouverte. « Le salaire, par définition, rémunère un travail réalisé. Vous ne pouvez pas à la fois refuser de travailler et exiger d’être payés », leur objecte Kassory Fofana.

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Le SLECG campe sur ses positions et dit désormais préférer avoir affaire aux signataires de l’accord de mars, « qui connaissent mieux le dossier ». Parmi eux, Tibou Kamara, ministre d’État, conseiller personnel d’Alpha Condé et ministre de l’Industrie.

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