Tanzanie – Aérien : John Magufuli brise les ailes de Fastjet

L’effondrement du cours des matières premières était déjà venu affecter les résultats de la compagnie. Le coup de grâce a été donné par le président de la République, John Magufuli, qui n’a cessé de faire obstruction au bon fonctionnement de la compagnie.

John Magufuli, alors candidat à la présidentielle, s’exprime à un meeting à Dar es-Salaam le 23 octobre 2015 © Khalfan Said/AP/SIPA

John Magufuli, alors candidat à la présidentielle, s’exprime à un meeting à Dar es-Salaam le 23 octobre 2015 © Khalfan Said/AP/SIPA

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 6 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Lancée en 2012 en Tanzanie par Stelios Haji-Ioannou, fondateur d’EasyJet, et cotée à Londres, la compagnie à bas coût Fastjet s’est résolue fin novembre à quitter le pays, qui représentait 60 % de son activité. La filiale du transporteur présidé par Nico Bezuidenhout et encore actif en Afrique du Sud, au Mozambique, au Zimbabwe et en Zambie, va être cédée au management local pour 1 dollar symbolique.

Ce dernier aura toujours le droit d’exploiter la marque Fastjet, très populaire dans le pays, mais devra trouver lui-même les fonds et les appareils nécessaires. « Potentiellement, la Tanzanie était un marché très lucratif, un vaste territoire avec une population importante, peu d’infrastructures terrestres, beaucoup de tourisme et d’activités minières, une situation idéale pour l’aviation », indique Sylvain Bosc, directeur commercial de Fastjet.

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Le coup de grâce

L’effondrement du cours des matières premières était déjà venu affecter les résultats de la compagnie. Le coup de grâce a été donné par le président de la République, John Magufuli, qui n’a cessé de faire obstruction au bon fonctionnement de la compagnie. Fastjet a ainsi dû faire intervenir l’ambassade de France à Dar es-Salaam pour permettre l’importation de ses trois ATR, bloqués pendant un an par le gouvernement.

Des appareils qui n’ont ensuite été autorisés à se déployer que sur des routes déjà ouvertes et non sur de nouvelles lignes, comme initialement prévu. À cela est venue s’ajouter la renaissance d’Air Tanzania, voulue par le chef de l’État.

Les projets d’expansion au Ghana, au Nigeria, en Angola abandonnés

Depuis juillet, la politique de vente à prix cassés des 280 places du Dreamliner du pavillon national a transformé les vols tanzaniens de Fastjet en gouffre financier.

L’actionnaire de référence, le sud-africain Solenta, a participé le 17 novembre à une nouvelle levée de fonds de 45 millions de dollars, pour sauver la compagnie en la recentrant sur l’Afrique du Sud, le Mozambique et le Zimbabwe. Les projets d’expansion au Ghana, au Nigeria, en Angola et au Gabon sont abandonnés. La crainte des propriétaires de Fastjet est maintenant de voir le Zimbabwe, où ses performances sont bonnes, imiter la Tanzanie.

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