[Édito] Test républicain en Côte d’Ivoire

Trois choses à retenir de l’année 2018 en Côte d’Ivoire.

Dans un bureau de vote d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 2011. © Emanuel Ekra/AP/SIPA

Dans un bureau de vote d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 2011. © Emanuel Ekra/AP/SIPA

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  • André Silver Konan

    Journaliste et éditorialiste ivoirien, collaborateur de Jeune Afrique depuis Abidjan.

Publié le 20 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Alassane Ouattara, lors des élections locales, le 13 octobre. © SIA KAMBOU/AFP
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Côte d’Ivoire : la dernière ligne droite

Alors que l’exécutif est confronté à des choix décisifs pour mener à bien, à moins de deux ans de la présidentielle, les derniers grands chantiers de la décennie Ouattara, les positions des uns et des autres sont en train de se clarifier au sein des principales familles politiques.

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La première est d’ordre économique. Le 31 décembre 2017, dans son discours à la nation, le président Alassane Ouattara avait misé, entre autres, sur « la redistribution des fruits de [la] croissance ».

Avec, selon les projections du FMI, un taux moyen maintenu à environ 7,4 % pendant tout le quinquennat – de 2016 à 2020 –, la croissance est solide autant que les performances macroéconomiques sont indéniables : progression du volume de production industrielle, taux d’inflation maintenu au-dessous du seuil de convergence de l’Uemoa, etc.

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Cependant, le gouvernement ivoirien, comme de nombreux autres sur le continent, n’est pas encore parvenu à réduire de façon significative le taux de pauvreté. En effet, selon la Banque mondiale, si le revenu national brut (RNB) par habitant a augmenté de près de 40 % ces dernières années pour atteindre 1 540 dollars en 2017, le niveau de vie et le pouvoir d’achat de l’Ivoirien moyen restent équivalents à ceux du milieu des années 1980.

Copie politique à revoire

Sur le plan politique, 2018 a été marquée par les élections municipales et régionales. Organisées en octobre, à mi-mandat présidentiel, elles devaient renforcer la démocratie. Cela a-t-il été le cas ? Difficile de le dire avec précision.

Une chose est certaine, le boycott des locales par une partie de l’opposition, les violences électorales (qui ont causé la mort de cinq personnes), l’implication d’agents électoraux dans des fraudes constatées, ainsi que l’invalidation du scrutin par la chambre administrative de la Cour suprême dans certaines circonscriptions montrent qu’il reste encore des efforts à fournir en ce domaine.

Enracinement de la démocratie

Et il reste des progrès à faire, aussi, sur le plan social, dans un pays où, ces dernières années, l’incivisme a souvent primé sur la discipline. Le président Ouattara l’a lui-même souligné, en mars, au lendemain de violentes manifestations dirigées contre l’État et ses symboles : « Les comportements inciviques de ces derniers mois nous interpellent tous. Ils sont contraires à l’idéal de société que nous voulons bâtir et aux antipodes des valeurs de la République, de notre République. »

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>>> À LIRE – Élections locales en Côte d’Ivoire : le RHDP déclaré vainqueur par les résultats définitifs

Dans certains cas, les actes de défiance à l’égard de l’autorité de l’État étaient la conséquence d’une défaillance de ses structures régaliennes, et tous les Ivoiriens, population comme autorités, ont leur part de responsabilité. Or la redistribution des fruits de la croissance ne sera possible que dans un environnement discipliné, structuré et transparent.

Pour l’« Ivoirien nouveau », 2019 devra être une année majeure pour la conscience citoyenne,

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Pour y parvenir, l’enracinement de la démocratie (qui passe par la transparence du jeu électoral et, donc, par la réforme de la Commission électorale indépendante), ciment de la paix sociale, est nécessaire.

Dans tous les cas de figure, pour le peuple ivoirien, pour l’« Ivoirien nouveau » (selon l’expression du président Ouattara), 2019 devra être une année majeure pour la conscience citoyenne, cette conscience de la nécessité qu’il y a à préserver la paix sociale. Et, pour les dirigeants, 2019 devra être une année cruciale de conscience républicaine, afin de renforcer l’ensemble des acquis démocratiques, économiques et sociaux.

Si la Côte d’Ivoire réussit son test républicain de 2019, il n’y aura aucune raison que 2020 suscite autant d’appréhensions et de pessimisme.

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