Télécoms : objectif 5G
Le continent africain s’est déjà lancé dans la course à cette nouvelle technologie, qui pourrait générer 9 milliards d’euros de revenus… À condition que les États accompagnent son essor.
L’avènement des réseaux mobiles 5G en Afrique ne marquera rien de moins que l’entrée du continent dans la quatrième révolution industrielle, celle de la généralisation de l’internet des objets.
L’installation de tels réseaux, dont les débits égalent quasiment ceux de la fibre optique, mais sur des appareils sans fil en mouvement, semble encore de la science-fiction à ceux qui sont confrontés à l’insuffisance de la couverture 3G dans les zones rurales. Qui plus est, l’industrie des télécoms n’a pas encore défini les standards techniques des smartphones connectables à la 5G, qui ne devraient être disponibles pour le grand public qu’à la fin de 2019, y compris en Europe, où cette technologie n’en est encore qu’à un stade expérimental.
L’internet mobile en pleine croissance
Pourtant, deux pays subsahariens se sont déjà lancés dans la course : en août, les autorités du Lesotho, où les montagnes rendent la pose d’infrastructures filaires compliquée et coûteuse, ont été les premières à attribuer une licence 5G, accordée à l’opérateur Vodacom et installée par Nokia. Et, mi-novembre, l’Afrique du Sud a annoncé l’implantation de réseaux dans ses grandes villes par l’opérateur Rain, encore avec Nokia.
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Selon GSMA, l’association des opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile, le trafic de données en Afrique sera multiplié par 11 entre 2017 et 2023, avec un taux de croissance de 50 % par an, porté par la hausse de la consultation de vidéos, avec des contenus de plus en plus locaux. L’implantation de la 5G permettra ainsi de répondre aux besoins de cet internet mobile en pleine croissance, mais aussi à de nouvelles demandes formulées par les entreprises et les gouvernements. Dans le rapport « Faire de la 5G une réalité en Afrique », Ericsson et l’agence de recherche sud-africaine CSIR estiment que cette nouvelle technologie va générer 9,28 milliards d’euros de revenus sur le continent.
Préparation réglementaire
« Il y a énormément d’applications possibles : une compagnie minière pourra faire le suivi à distance de ses camions et de ses cargaisons de minerais ; une coopérative agricole pourra déployer des systèmes d’irrigation et d’épandage en fonction de la météo ou des caractéristiques du sol ; et cela permettra aux régies d’eau et d’électricité de mieux repérer les déperditions et l’affectation des ressources », égrène Chafic Traboulsi, directeur des marchés réseaux d’Ericsson. Selon lui, ces secteurs seront nécessairement les premiers clients de la 5G, avant le grand public, pour qui le déploiement de la 4G va se poursuivre.
Reste que, si le continent veut profiter de cet essor, les régulateurs des États vont devoir se mettre à la page, notamment sur le plan technique, et jouer un rôle de facilitateur.
Les opérateurs devraient être autorisés à réallouer leurs fréquences pour y déployer la 5G, et non pas être obligés de payer une nouvelle licence, ce qui les freinerait dans leurs investissements, estime Chafic Traboulsi, qui indique que certaines bandes du spectre utilisées pour la 3G et la 4G peuvent l’être pour cette nouvelle technologie.
Un autre point sera crucial : la mise en place des réglementations nécessaires pour l’implantation de nouveaux appareils connectés au réseau mobile de nouvelle génération (capteurs, traceurs, alarmes, machines), dans l’espace aussi bien public – dans la rue, sur des panneaux, bus ou tramways – que privé – au sein d’un site industriel ou agricole. Faute de cette préparation réglementaire, le continent risque de prendre en retard le train de la 5G.
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