[Tribune] Le Rwanda, cette start-up nation
La révolution numérique et technologique en cours dans le pays ne concerne pas que la capitale, ni même que les zones urbaines. Une voie à suivre pour le reste du continent.
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Scholastique Mukasonga
Écrivaine rwandaise, lauréate du Prix Renaudot 2012 pour Notre-Dame du Nil.
Publié le 28 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.
À Kigali, le moyen de transport le plus populaire, parce que le moins onéreux, est le taxi-moto. Des essaims entiers sillonnent les rues, zigzaguant dans l’intense circulation. Mais, si vous habitez un de ces nouveaux quartiers résidentiels excentrés qui montent à l’assaut du relief escarpé de la capitale du Rwanda, où les villas se sont bâties si vite que la chaussée n’a pas encore été goudronnée, il est peu probable que vous en croisiez un.
Vous faudra-t-il vous frayer un chemin sur la piste défoncée jusqu’à une grande artère ? Non, bien sûr, puisque, comme tous les Rwandais, vous avez un téléphone portable et pouvez appeler un de ces motards qui utilisent l’application Tigo, semblable à Uber, grâce à la géolocalisation sur tout le territoire.
Aujourd’hui, 92 % de la population rwandaise a accès à la 4G
Le mobile est devenu un instrument indispensable pour les citadins. Un réseau de 500 km de fibre optique s’étend sur toute la ville, et l’accès au 4G est partout assuré, même dans les 400 bus mis en service depuis 2016. Ce précieux instrument vous permet de faire à peu près tout : réaliser vos achats, consulter votre compte en banque, percevoir votre fiche de paie et votre salaire, payer votre électricité « à la carte » et ainsi contrôler votre consommation…
Et cette révolution numérique ne se limite pas à Kigali. Quelque 92 % de la population rwandaise a maintenant accès à la 4G. Cela a notamment aidé à développer la télémédecine à destination des villages éloignés des centres de soins.
Devant Amazon pour l’utilisation des drones
Sur les collines, des « agents communautaires » ont pour mission, par exemple, de signaler par SMS une grossesse à risque, mais aussi de repérer un certain nombre de symptômes de maladies à surveiller. À chacun correspond un code à envoyer aux services d’urgence de l’hôpital le plus proche. Selon Erik Gorju, qui dirige le département de télémédecine au ministère de la Santé, ce service a permis de sauver la vie de 590 000 bébés entre 2009 et 2015.
>> A LIRE – Innovation City de Kigali : des rêves de Silicon Valley
Le Rwanda est aussi pionnier dans l’utilisation des drones. Il a même devancé Amazon. Mais ces objets volants ne sont pas là à des fins commerciales : ils livrent dans l’urgence des poches de sang ou des médicaments de première nécessité aux centres de soins isolés. C’est la société Zipline, une start-up créée dans la Silicon Valley, qui est à l’origine du projet.
Depuis l’inauguration de la première base de lancement par le président Paul Kagame, en octobre 2016, 8 000 colis de 1,8 kg ont été ainsi parachutés. Pays high-tech, start-up nation, le Rwanda montre la voie… et c’est, à n’en pas douter, celle qu’emprunteront les autres États africains.
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