En Irak, l’État islamique renaît de ses cendres
Officiellement, l’État islamique (EI) a été déclaré vaincu par l’Irak en décembre 2017. Mais les séquelles resteront douloureuses encore longtemps.
Outre l’ampleur de la reconstruction, estimée à 88 milliards de dollars, l’ONU a découvert début novembre 202 charniers contenant jusqu’à 12 000 cadavres – et prévient qu’il y en aura encore « beaucoup ».
Surtout, les sources sur place observent une remobilisation active de l’organisation. « Je pensais qu’on aurait plus de répit », souffle un diplomate. Un militaire confirme : la reconstitution de l’EI a lieu « plus vite qu’anticipé » ; s’ils n’ont « plus la capacité de mener des offensives, ils peuvent circuler et transmettre des ordres dans certaines régions », comme l’Anbar, Ninive et Kirkouk – des provinces où le sentiment de marginalisation des sunnites a constitué son terreau d’implantation.
La Turquie, « base opérationnelle stratégique »
« Si vous ne luttez pas contre les racines, l’EI réapparaîtra », prévoit un ancien ministre, regrettant que « rien ne soit fait » depuis décembre 2017. Si Daesh agit seulement pour entretenir « sa narration plus qu’une efficacité tactique », tempère un sécuritaire américain, son repli actuel lui « laisse le temps de monter de nouvelles opérations », considère le diplomate.
Un rapport des services secrets néerlandais paru début novembre soulignait que l’EI « utilise la Turquie comme base opérationnelle stratégique » pour « récupérer, se réorganiser et repenser » ses modes d’action dans la région. Ces faits interrogent sur le jeu trouble d’Ankara. « Il est impossible que l’état turc, policier, n’en soit pas informé », accuse une source diplomatique.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles