Pour le Maroc, l’eldorado gabonais n’est plus ce qu’il était

L’amitié liant Ali Bongo Ondimba à Mohammed VI n’assure aucun traitement préférentiel aux entreprises marocaines sur le marché gabonais, insiste-t-on à Rabat, mis à part l’exemption de visa aux frontières. « L’amitié entre le souverain et le président demeure personnelle, il n’y a jamais eu de relations d’affaires entre eux », précise une source marocaine.

Le siège d’Attijariwafa Bank à Casablanca, le 7 septembre 2011 (image d’illustration). © Hassan OUAZZANI Pour Jeune Afrique

Le siège d’Attijariwafa Bank à Casablanca, le 7 septembre 2011 (image d’illustration). © Hassan OUAZZANI Pour Jeune Afrique

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Publié le 21 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, lors de sa visite au président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui poursuit sa convalescence depuis le 29 novembre à l’hôpital militaire de Rabat. © Agence marocaine de presse (MAP)
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« L’amitié entre le souverain et le président demeure personnelle, il n’y a jamais eu de relations d’affaires entre eux », précise une source marocaine. Il est vrai que la place du Maroc au sein de l’économie gabonaise est relativement faible, incomparable avec celle qu’il occupe dans d’autres pays du continent, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali ou la Guinée.

Gabon Telecom, l’arbre qui cache la forêt

Et même moins importante que dans des pays avec lesquels le royaume vient de normaliser ses relations tels que le Nigeria, l’Éthiopie et le Rwanda. Autrement dit, le succès de Gabon Telecom, dont Maroc Telecom possède 51 %, est un peu l’arbre qui cache la forêt.

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Cette entreprise déficitaire à hauteur de 70 milliards de F CFA (106,7 millions d’euros) en 2006 et subventionnée par l’État avant l’arrivée des Marocains, en 2007, est devenue le premier fournisseur internet et le deuxième opérateur mobile du pays. De 2007 à 2018, elle est passée de 18 % à 63 % de part de marché en valeur et a contribué au budget de l’État à hauteur de 392,2 milliards de F CFA, sans compter les licences.

Succès aussi pour l’Union gabonaise de banque (UBG), filiale d’Attijariwafa Bank, qui se classe au deux­ième rang des établissements du pays après la BGFI.

S’agissant de la foresterie, le tableau est moins reluisant. Cema Bois de l’Atlas, dont la filiale gabonaise a bénéficié de 20 millions d’euros d’investissements depuis 1996 et emploie 145 salariés, « n’a jamais rapatrié un franc CFA de dividende car [elle continue] d’investir », confie le PDG du groupe, Ali Fassi Fihri.

La plupart des autres opérateurs marocains font la grimace. En dépit du lien qui unit les deux chefs d’État, le projet à 1,5 milliard de dollars d’usine de fertilisants monté par l’Office chérifien des phosphates (OCP) n’a jamais vu le jour, constate Mustapha El Ouafi, le patron de la filiale OCP Africa.

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Mésaventures

Naturellement prudent, voire frileux, le secteur privé marocain a en outre été découragé par une série de mésaventures. Plusieurs entreprises font face à des difficultés de paiement du Trésor gabonais.

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À l’instar du cabinet de conseil Valyans, qui n’a pu être payé pour sa mission qu’à la suite d’une intervention du roi, et de Capital Consulting, qui a fait installer des systèmes d’information au sein de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences et attend d’être payé depuis quatre ans. Ou encore de Travaux généraux de construction de Casablanca (TGCC), dont la filiale T2G a construit 220 logements pour le projet Les Bougainvilliers.

« Évoquer un prétendu contrôle de l’économie gabonaise est une absurdité, s’insurge un haut responsable marocain. La principale activité du pays étant liée à l’extraction de pétrole et de gaz, dont le Gabon est le quatrième producteur au sud du Sahara, ce sont ceux qui la contrôlent qui ont la vraie mainmise. »

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