Maghreb : ces responsables islamistes qui ont suscité la polémique
« Faites ce que je dis, pas ce que je fais. » Prompts à dénoncer le relâchement des mœurs, certains responsables islamistes sont loin d’être eux-mêmes irréprochables.
Maghreb : quel avenir pour les partis islamistes ?
Depuis une décennie, ces formations issues de l’opposition radicale se fondent tant bien que mal dans le paysage politique, au point d’occuper souvent des responsabilités gouvernementales. Comment ont-elles résisté à l’épreuve du pouvoir ? Sont-elles vouées à l’exercer longtemps encore ? Enquête.
Et si les islamistes étaient des gens comme les autres ? Et si les hommes et les femmes qui défendent les couleurs d’Ennahdha, du PJD ou du MSP, pour ne citer que ces formations, n’étaient justement « que » des hommes et « que » des femmes ? Après quelques années de présence dans le jeu politique des trois pays du Maghreb, c’est en tout cas l’impression qui prévaut.
Dans l’opposition, ils dénonçaient l’immoralité et la corruption des pouvoirs en place. Dans les parlements et les ministères, ils sont désormais confrontés à la dure réalité. Et font à l’occasion la preuve de leur fragilité.
• Omar Benhammad et Fatima Nejjar ( Maroc, 2016)
Ces deux dirigeants du Mouvement Unicité et Réforme (proche du PJD) ont été surpris dans une voiture dans une « posture sexuelle ». Problème : Omar et Fatima étaient mariés, mais pas l’un avec l’autre. Ils ont dû quitter leurs fonctions.
• Lahbib Choubani (Maroc, 2015)
Cet ancien ministre du PJD entretenait une relation « intime » avec Soumia Benkhaldoun, une collaboratrice qui fut bientôt nommée ministre déléguée à l’Enseignement supérieur… Démission, là encore.
• Rachid Ghoulam (Maroc, 2007)
Le chanteur, figure emblématique d’Al Adl Wal Ihsane, le mouvement du Cheikh Yassine, a été interpellé en compagnie d’une admiratrice (qui n’était pas son épouse légitime). Pour ne rien arranger, Nadia Yassine, la propre fille du cheikh, qui avait pris la défense de Ghoulam et crié au complot, a été elle-même impliquée dans une relation extraconjugale révélée au public en 2011.
• Mohamed Yatim (Maroc, 2018)
L’actuel ministre de l’Emploi a été photographié à Paris main dans la main avec une femme n’est pas son épouse (mais sa « fiancée », a-t-il précisé). Rien de grave dans l’absolu, mais en décalage avec les vertueux discours de son parti, le PJD.
• Bouguerra Soltani et Ismaël Mimoun (Algérie, 1997 et 2009)
Membres du Mouvement de la société pour la paix (MSP), les deux hommes ont occupé tour à tour le poste de secrétaire d’État à la Pêche et ont été accusés d’avoir signé des contrats douteux avec des compagnies étrangères, probablement en échange d’avantages financiers. Ils n’ont pas été poursuivis.
• Amar Ghoul (Algérie, en cours)
Le nom de cet ancien ministre devenu sénateur du tiers présidentiel est associé au scandale de l’autoroute est-ouest : la disparition de plusieurs milliards de dollars d’argent public. Certains prestataires demandent, aujourd’hui encore, réparation. En vain.
• Rafik Abdessalem (Tunisie, 2012)
Ministre des Affaires étrangères, membre d’Ennahdha et gendre de Rached Ghannouchi, le chef du parti, Rafik Abdessalem a défrayé la chronique dans le cadre du « Sheratongate » : il bénéficiait d’une chambre à l’année à l’hôtel Sheraton de Tunis dans laquelle il avait logé une femme mariée. Cette première affaire fut rapidement éclipsée par une seconde, liée à de la corruption. Abdessalem était aussi – et surtout – soupçonné d’avoir fait transiter sur son compte bancaire une somme de 1 million de dollars destinée à l’État. Il a depuis quitté le gouvernement.
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