Maroc : quand une députée islamiste lève le voile sur les contradictions du PJD
En posant devant le Moulin-Rouge sans le hijab, la députée PJD Amina Mae El Ainaine a notamment levé le voile sur l’hypocrisie de ses amis politiques.
Maghreb : quel avenir pour les partis islamistes ?
Depuis une décennie, ces formations issues de l’opposition radicale se fondent tant bien que mal dans le paysage politique, au point d’occuper souvent des responsabilités gouvernementales. Comment ont-elles résisté à l’épreuve du pouvoir ? Sont-elles vouées à l’exercer longtemps encore ? Enquête.
Le Moulin-Rouge en arrière-plan ! Pour sa photo souvenir à Paris, la députée PJD Amina Mae El Ainaine n’a quand même pas osé la tenue de meneuse de revue. Elle s’est contentée d’un jean et d’un tee-shirt. Et de laisser tomber le hijab, levant ainsi le voile sur… l’hypocrisie de ses amis politiques. Très sourcilleux quant aux signes extérieurs de foi et de probité, ces derniers ont fâcheusement tendance à les utiliser comme un outil de manipulation des masses.
« L’histoire de cette élue originaire de Tiznit est symptomatique de l’évolution des responsables du PJD, qui ont bien changé au fil des ans, explique le chercheur Abdellah Tourabi. Ils ont découvert la réalité et les limites de la prédication. »
Une realpolitik avec des exigences
Si la polémique suscitée par la starlette du PJD a écorné l’image du premier parti du royaume, les scandales à répétition n’incitent pas ce dernier à se montrer moins rigoriste. Lors du dernier conseil national, le secrétaire général a réitéré « l’attachement irréversible du parti à son référentiel islamique ». Reste que la realpolitik a ses exigences. Le PJD semble avoir mis de côté son objectif d’organiser l’espace public conformément aux valeurs religieuses qu’il défend. S’il continue d’utiliser un langage théologique, c’est avant tout pour soutenir des principes de gouvernance… qu’aucun de ses rivaux politiques ne conteste : la lutte contre la corruption et pour l’équité sociale en premier lieu.
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Autre problème auquel le parti islamiste est confronté : le manque de compétences en son sein. Après sept ans aux affaires et une longue série de succès électoraux, notamment dans les villes où le parti réalise ses meilleurs scores, il a toujours le plus grand mal à séduire des intellectuels de haut niveau. Du coup, même si le PJD a pu occuper des postes gouvernementaux de premier plan (Énergie, Justice, Emploi, Budget, etc.), il reste contraint à concéder à ses alliés nombre de portefeuilles ministériels importants…
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