Algérie : l’« islam de Cordoue » contre l’extrémisme ?

« Nous avons oublié que nous appartenons à une civilisation née à Cordoue et sommes tombés dans une pratique bédouine de la religion. » C’est en ces termes que Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses, expliquait en 2014 les relations du pouvoir algérien avec l’islam politique.

Abderrazak Mokri, patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le 2 mai 2013, à Alger. © Samir Sid

Abderrazak Mokri, patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le 2 mai 2013, à Alger. © Samir Sid

Publié le 30 janvier 2019 Lecture : 1 minute.

 © Yassine Gaidi/Anadolu Agency/AFP
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Maghreb : quel avenir pour les partis islamistes ?

Depuis une décennie, ces formations issues de l’opposition radicale se fondent tant bien que mal dans le paysage politique, au point d’occuper souvent des responsabilités gouvernementales. Comment ont-elles résisté à l’épreuve du pouvoir ? Sont-elles vouées à l’exercer longtemps encore ? Enquête.

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Une question sur laquelle plane l’ombre de la guerre civile des années 1990, puis de la lutte antiterroriste et des efforts de réconciliation qui se sont ensuivis. Référence classique dans tous les pays du Maghreb, l’« islam de Cordoue » désigne en Algérie un « référent religieux national » censé s’opposer aux courants extrémistes.

Dans le pays, c’est le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui incarne le courant de pensée se réclamant des Frères musulmans. Troisième force du Parlement, il est surtout le parti des classes moyennes urbaines, salariés du public ou commerçants. Une base électorale qui se distingue de celle, plus populaire, de l’ex-Front islamique du Salut (FIS). S’il a longtemps participé au gouvernement, le MSP se présente aujourd’hui comme un mouvement d’opposition, même si certains lui reprochent ses petits arrangements avec le pouvoir. La vérité est qu’il ne dérange plus grand monde.

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« Wahhabisme importé »

À l’inverse, les autorités n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer ce qu’elles appellent le « wahhabisme importé ». Aucun parti salafiste n’est agréé en Algérie, ce que stipulait déjà, en 2005, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce texte interdit d’activité politique toute personne « responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale ». Ce qui inclut les dirigeants du FIS, déjà largement discrédités dans l’opinion. Mais si les courants radicaux ont perdu de leur attrait en raison de l’embellie financière des années 2000, le salafisme ne s’est pas volatilisé pour autant. À en croire Mohamed Aïssa, il contrôlerait cinquante-cinq mosquées à travers le pays. Le pouvoir tente de contrecarrer son influence par le biais notamment de la formation des imams.

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