Cinéma : « Another Day of Life », plongée dans le cauchemar angolais de la guerre civile

Mélange d’animation et de documentaire, le film « Another Day of Life » suit le reporter polonais Ryszard Kapuscinski et nous plonge dans les atrocités de la guerre civile.

Le film « Another Day of Life », de Raúl de la Fuente et Damian Nenow. © YouTube/CC

Le film « Another Day of Life », de Raúl de la Fuente et Damian Nenow. © YouTube/CC

leo_pajon

Publié le 10 février 2019 Lecture : 2 minutes.

C’est un long-métrage hybride qui ne ressemble à rien de connu. Un mix percutant d’animations numériques (avec rendu 2D) et d’images filmées en Angola avec de vrais témoins du conflit qui a ensanglanté le pays pendant plus de trente ans.

Another Day of Life, déjà repéré et présenté en séance spéciale lors du dernier Festival de Cannes, est adapté du livre D’une guerre l’autre, paru en 1976, écrit par le Polonais Ryszard Kapuscinski (1932-2007), considéré comme l’un des plus grands reporters du XXe siècle.

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« L’œuvre préférée de Kapuscinski »

Se focaliser sur cet essai en particulier est un choix qui peut surprendre : il est moins connu que d’autres ouvrages du même auteur, comme La Guerre du foot et autres guerres et aventures ou Ébène.

« C’était l’œuvre préférée de Kapuscinski, et aussi la mienne, justifie le réalisateur Raúl de la Fuente. Et c’est totalement adapté à la “traduction” en film : il y a un enchaînement chronologique simple à suivre, la guerre froide, des invasions étrangères, des personnages héroïques… c’était une mine d’or pour un scénariste ! »

Restait à mettre des images sur les mots du journaliste polonais. Une affaire délicate, car l’ouvrage, parfois très poétique, décrit des scènes d’une extrême violence lorsqu’il suit le parcours de cette tête brûlée, de Luanda jusqu’à la ligne de front.

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Témoins vivants

« Nous avons compris rapidement qu’il fallait avoir recours à des images d’animation… un univers que je ne connaissais absolument pas, sourit aujourd’hui le réalisateur. J’ai aussi eu envie de retrouver les interlocuteurs de Kapuscinski de l’époque, cette fois en les filmant de manière classique. Ce qui, finalement, s’est révélé assez simple ! » Il faudra tout de même dix ans à l’équipe pour mener à bien le projet… Mais le résultat est bluffant.

Le film ressuscite des figures héroïques du MPLA, comme la guérillera Carlota ou le commandant Farrusco, soldat des forces spéciales portugaises passé du côté du mouvement de libération. Entre les séquences d’animation, les survivants – souvent désabusés – témoignent aujourd’hui face caméra de l’impact qu’a eu la guerre dans leur vie.

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Goûter un peu du confusão

Mais le tour de force de cet ovni cinématographique est surtout de restituer l’extraordinaire période de turbulences qui a secoué le pays.

D’abord assez sage, le film bascule peu à peu dans un surréalisme gore. C’est un monde qui s’écroule, littéralement, en images d’animation, autour du journaliste à fleur de nerfs, proche parfois de la folie. Des tanks surgissent du sol, les armes fleurissent, les avions nazis s’invitent dans le ciel angolais…

Et l’on ressort de la séance en ayant le sentiment d’avoir goûté un peu du confusão, le terrible chaos qui a entraîné durablement l’Angola dans l’abîme.

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