[Tribune] Kemi Seba et Luigi Di Maio, quand le radicalisme noir rejoint le populisme blanc

Entre Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien, et l’activiste franco-béninois Kemi Seba, c’est la sulfureuse rencontre entre un radicalisme noir et un nationalisme blanc, deux idéologies qui se nourrissent aujourd’hui des rancœurs envers la France.

Kemi Seba (à g.), activiste franco-béninois, et Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien. © Montage JA/Clement Tardif pour JA/ROPI-REA

Kemi Seba (à g.), activiste franco-béninois, et Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien. © Montage JA/Clement Tardif pour JA/ROPI-REA

Michel Bampély © DR

Publié le 13 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement populiste italien serait-il soudain plein d’empathie pour les peuples africains ? Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles et vice-président du Conseil, s’est récemment lancé dans une diatribe envers Paris, l’accusant notamment d’entraver le développement de l’Afrique en assujettissant les pays utilisateurs du franc CFA.

La prise de position du responsable italien est intervenue après que des cadres de sa formation anti­système, dont le sous-­secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Manlio Di Stefano, ont reçu à Rome l’activiste franco-béninois Kemi Seba.

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Pas peu fier, ce grand pourfendeur du franc CFA assure avoir conclu une alliance avec les populistes italiens afin de porter devant le Parlement européen ses revendications sur cette cause qui n’est pas, à ses yeux, assez défendue par les dirigeants africains. Pour lui, cette monnaie commune permet à la France de garder une mainmise sur ses anciennes colonies et d’engranger de confortables profits sur des sommes contrôlées par Bercy.

Seba et Di Maio se sont découvert un présumé adversaire commun, Macron

Di Maio-Seba contre la France ?

Di Maio-Seba : c’est la sulfureuse rencontre entre un radicalisme noir et un nationalisme blanc, deux idéologies qui se nourrissent aujourd’hui des rancœurs envers la France. Ce duo s’est découvert un présumé adversaire commun : Emmanuel Macron, aux yeux de l’un, un président issu d’une génération « qui n’a pas connu l’Afrique coloniale », mais qui ne semble pas pressé d’en finir avec le franc CFA, et, aux yeux de l’autre, un pro-­européen qui n’en fait pas assez dans la crise des migrants et ose donner des leçons à l’Italie.

Déterminé à organiser un front de l’extrême droite contre les pro-­européens pour les élections européennes de mai, Di Maio ne fait que multiplier les provocations. Et si remplacer le discours populiste anti-­migrants par une diatribe anticolonialiste permet de porter des coups à un adversaire, c’est toujours bon à prendre. Bien naïf donc qui verrait dans sa démarche une quelconque préoccupation pour le sort des Africains. Accuser la France de n’offrir qu’une alternative – mourir en Méditerranée ou débarquer en Italie – permet de se débarrasser en toute bonne conscience et à bon compte du fardeau des migrants qui débarquent à Lampedusa.

Kemi Seba commet une erreur en laissant les Italiens l’instrumentaliser

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Figure d’un panafricanisme dit contemporain, Kemi Seba commet une erreur en laissant les Italiens l’instrumentaliser. L’Italie a aussi eu un empire colonial en Afrique. En Érythrée, en Somalie et en Libye, elle a commis des crimes pour asseoir sa domination et accaparer des richesses. Seba l’aurait-il oublié ?

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