Au Sénégal, le business numérique ne connaît pas le sexisme

Au Sénégal, les femmes représentent plus de la moitié de la population et portent une part considérable de l’économie du pays, notamment dans l’agriculture et le commerce. Sans compter le secteur informel, le taux d’activité entrepreneurial féminin s’élève à 37 %.

À Dakar, Sokhna Camara gère sa start-up, Avenir Consulting, depuis l’espace de coworking Agora. © Youri Lenquette pour JA

À Dakar, Sokhna Camara gère sa start-up, Avenir Consulting, depuis l’espace de coworking Agora. © Youri Lenquette pour JA

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Publié le 19 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Dans les venelles sableuses de Dakar, il n’est pas rare de croiser les deux-roues orange pétant de Jumia, entreprise d’e-commerce, première licorne africaine, un temps incarnée par la Sénégalaise Fatoumata Ba. Son exemple revient comme un leitmotiv dans l’entrepreneuriat digital. À Dakar comme dans les régions, de plus en plus de femmes se lancent.

Selon un rapport publié en 2017 par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), le taux d’activité entrepreneuriale féminin s’élève à 37 % dans le pays, et ce chiffre est sans doute bien supérieur dans la réalité, si on considère la pléthore d’activités informelles pour lesquelles les statistiques font défaut.

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Au Sénégal, les femmes sont naturellement des entrepreneures

« Au Sénégal, les femmes sont naturellement des entrepreneures. La plupart créent des revenus en tenant un petit commerce. Le numérique est un puissant levier d’autonomisation », avance Rokhaya Solange, chargée du programme M-Women de la Sonatel, qui promeut le secteur comme outil d’implication économique et d’autonomisation des femmes.

Une part considérable de l’économie

Ces dernières représentent plus de la moitié de la population et portent une part considérable de l’économie du pays, notamment dans l’agriculture et le commerce. Pour elles, « la formalisation passera par la digitalisation », prophétisait le codirigeant du fonds Partech Afrique (Partech Ventures) lors du forum Women In Africa, en avril 2018, à Dakar.

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Incubateurs, fonds, plateformes d’échange… Les structures d’accompagnement fleurissent. Telle la plateforme Inter’actes – Madame Digitale, gérée par la Guinéo-Congolaise Mariam Tendou Kamara. « Il faut convaincre les femmes qu’elles peuvent prétendre à davantage que des microcrédits », martèle l’ex-communicante de l’ONU Femmes. Depuis 2017, elle offre de coacher celles qui créent une entreprise dans le digital, de Dakar à Conakry, en Guinée.

Exit l’autocensure

Le prix Linguère Digital Challenge de la Sonatel revendique le label « réservé aux femmes », qui permet de lutter contre l’autocensure. « Le prix existait depuis plus de cinq ans, et nous ne comptions pas 10 % de femmes. Tant qu’il n’était pas estampillé féminin, elles ne se sentaient pas concernées », constate Rokhaya Solange.

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Au-delà des aventures entrepreneuriales urbaines, comme les moussors (« foulards ») d’Awa Seck, qui s’exportent jusqu’à Bruxelles, ou les produits locaux d’Awa Caba, fondatrice du site de vente Sooretul, qui cheminent des quatre coins du pays jusqu’aux Dakarois, le numérique change le commerce rural. Il offre aux femmes de tous niveaux d’éducation une possibilité d’expansion. « Dans le passé, il fallait nécessairement être alphabétisé. Désormais, le Sénégal et la Côte d’Ivoire mènent une politique en faveur de l’utilisation des outils technologiques, notamment en zone rurale, pour accroître leur productivité », se félicite Mariam Tendou Kamara.

Et le changement tient à peu de chose. Installée sur presque tous les smartphones, l’application WhatsApp révolutionne en particulier le quotidien des femmes. La fonction vocale, pour celles qui n’ont pas eu accès à l’école, permet d’étendre son marché et de communiquer sur son activité. Pour les bana-bana (« les vendeuses informelles ») du bord de la route, les clients sont à portée de clic.

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