Quand l’artiste Barthélémy Toguo met du bleu à la station Château-Rouge

Située sur la ligne 4 du métro parisien, c’est la station la plus africaine de la capitale. Le plasticien camerounais Barthélémy Toguo y a réalisé une superbe fresque.

Fresque de l’artiste camerounais Barthelemy Toguo, a la station de metro Château Rouge (ligne 4), dans le quartier de la Goutte d’Or, a Paris. Intitulee « Celebration », la fresque a ete realisee avec le concours de la Manufacture de Sevres et est composee de deux cents carreaux de gres peint en bleu. A Paris, le 13.02.2019. Photo Vincent Fournier/ JA © Vincent Fournier/JA

Fresque de l’artiste camerounais Barthelemy Toguo, a la station de metro Château Rouge (ligne 4), dans le quartier de la Goutte d’Or, a Paris. Intitulee « Celebration », la fresque a ete realisee avec le concours de la Manufacture de Sevres et est composee de deux cents carreaux de gres peint en bleu. A Paris, le 13.02.2019. Photo Vincent Fournier/ JA © Vincent Fournier/JA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 1 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

C’est la station de métro la plus africaine de Paris. Située sur la ligne 4, dans le 18e arrondissement, au pied de la butte Montmartre, elle dessert notamment le marché Dejean, où une population bigarrée vient s’approvisionner en manioc, mérou rouge, tilapia, gombos et autres produits du continent.

Récemment rénovée, la station abrite aujourd’hui une œuvre monumentale du plasticien camerounais Barthélémy Toguo. Intitulée Célébrations, elle représente des visages et des corps humains se prolongeant en exubérantes plantes bleues.

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>>> À LIRE – Barthélémy Toguo, l’artiste mondialement reconnu revenu au pays

« Comme j’ai vécu dans ce quartier de 1998 à 2002, c’est un lieu qui représente pour moi la rencontre des cultures, grâce à son marché, qui lui donne son charme si particulier, ses cafés, ses restaurants, ses avenues, ses ruelles… C’est une station qui a les couleurs, les odeurs des pays dont sont issus les habitants, explique l’artiste. Les quartiers populaires sont indispensables et intéressants à observer, car des personnes d’horizons et d’environnements différents parviennent à y cohabiter. Je m’en suis inspiré pour réaliser des têtes qui célèbrent la végétation, la renaissance d’un nouveau monde. »

Un projet fédérateur

Barthélémy Toguo, plasticien. © Frédérique Jouval/Picturetank pour JA

Barthélémy Toguo, plasticien. © Frédérique Jouval/Picturetank pour JA

Au départ, Toguo avait imaginé une série de mains rouges levées vers le ciel, comme autant d’appels au secours. Un choix sans doute un peu trop violent ou radical pour les commanditaires du projet, la Ville de Paris, la mairie du 18e arrondissement et la RATP. « J’ai pensé que ce second projet était plus fédérateur, explique Togo aujourd’hui. Il porte un message de paix plus fort. »

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Réalisée avec un budget de 120 000 euros, l’œuvre de 3 m sur 10 m comporte 110 carreaux de 60 cm sur 60 cm. C’est à la Manufacture de Sèvres que l’artiste a pu travailler et cuire les plaques, bénéficiant de l’assistance technique des spécialistes de la céramique. C’est là aussi qu’a été conçue la couleur utilisée, depuis baptisée bleu Toguo, un peu comme il existe un bleu Klein ou un ultra-noir Anish Kapoor. « C’est une couleur qui ne contient pas de plomb et qui tient compte des normes d’hygiène pour ses utilisateurs, détaille le fondateur du centre d’art Bandjoun Station, au Cameroun. Ce bleu a ceci de particulier que sa brillance se révèle à 1 050 °C… Pour Célébrations, 1,5 kg de cette couleur a été utilisé, après de nombreux essais. »

>>> À LIRE – Dans l’expo « Déluge », le plasticien camerounais Barthélémy Toguo s’inspire de la tragédie du petit Aylan

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Art et agriculture

C’est la seule œuvre publique réalisée en France par un artiste qui passe beaucoup de temps dans les avions, entre son centre de Bandjoun, où il entend marier art et agriculture, son atelier parisien et les lieux de ses différentes et nombreuses expositions.

À venir, « Urban Requiem », qui sera présentée du 15 mars au 11 mai à New York, à la galerie Lelong & Co. Il s’agit de bustes-tampons réalisés en bois et posés sur des étagères d’acier. Creusés dans leur base, des slogans empruntés à des mouvements tels que #MeToo et #BlackLivesMatter, en une parodie des tampons administratifs apposés à chaque passage de frontière. Pour prendre le métro à la station Château-Rouge, pas besoin de passeport. Un ticket valide suffit.

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