Maroc – Aziz Akhannouch : « Personne ne nous empêchera d’exprimer nos désaccords »

Ses affaires ? Une réussite. Sa mission au sein du gouvernement ? Quasi accomplie. Reste un défi pour la première fortune du royaume : faire gagner son parti politique en 2021.

Lors de l’entretien, le 24 février. © Vincent Fournier/JA

Lors de l’entretien, le 24 février. © Vincent Fournier/JA

FRANCOIS-SOUDAN_2024 fahhd iraqi

Publié le 4 mars 2019 Lecture : 20 minutes.

Sous un vaste chapiteau planté sur la place centrale de Dakhla, au sud du Sud marocain, en ce début de soirée étouffante du 23 février, Aziz Akhannouch mouille sa chemise – littéralement. Après avoir fait entonner sans fausse note l’hymne national par les quatre mille participants, en majorité sahraouis, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche depuis onze ans revêt sa casquette – nettement plus récente – de chef de parti avant de se lancer dans un discours entrecoupé de slogans et de youyous. Thèmes : le développement de la province la plus méridionale du pays, le programme du Rassemblement national des indépendants (RNI) et avant tout le roi Mohammed VI, à qui, dit-il, revient – plutôt qu’au gouvernement – le mérite principal de tout ce qui progresse sous le ciel du Maroc.

À 58 ans, ce fils d’entrepreneur berbère, élevé loin des manières gourmées de la haute bourgeoisie chérifienne et qui a fait prospérer le groupe familial au point d’être aujourd’hui à la tête de la première fortune marocaine (2,2 milliards de dollars, selon Forbes), éprouve un évident plaisir à l’exercice. Transformer le RNI, parti quadragénaire dont l’ADN est celui d’une formation de notables proches de l’administration et qui a pesé moins de 10 % des voix aux dernières législatives de 2016, en un parti de masse rajeuni et dynamisé capable de rivaliser dans deux ans avec les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) est un défi de plus pour ce proche du souverain.

Y parviendra-t-il, lui qui sillonne le Maroc chaque week-end à bord de son jet privé, de meetings enfiévrés en réunions de bureau politique décentralisées ? Si sa réussite en tant que businessman est indéniable et son bilan en tant que ministre (quasi) unanimement salué, il reste à cet homme affable, modeste et consensuel à faire ses preuves sur la piste des grands fauves. Apprendre à être craint, résister à l’usure et devenir un « tueur », sans pour autant renoncer à ce qui fait sa singularité politique, lui l’enfant de Tafraout : il croit en ce qu’il dit.

Bien s’informer, mieux décider

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