Arts plastiques : Lyndi Sales, entre poésie et explorations scientifiques

La Galerie Maria Lund expose à Paris les œuvres de l’artiste sud-africaine Lyndi Sales sous le titre « Un jour j’ai trouvé un papillon arc-en-ciel ».

Pituitary gland, de l’artiste Lyndi Sales. © Instagram Lyndi Sales

Pituitary gland, de l’artiste Lyndi Sales. © Instagram Lyndi Sales

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 13 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Il y a beaucoup de poésie dans les titres des œuvres de la Sud-Africaine Lyndi Sales, exposée jusqu’au 16 mars par la Galerie Maria Lund, à Paris. Un endroit où j’ai trouvé des moments d’abandon : carte-rêve des catacombes, Dessin d’érosion, Amour et Peur : avancer en utilisant tout mon souffle, Ocytocine : je suis accro à toi comptent parmi les pièces (entre 2 500 et 12 000 euros), vivement colorées, présentées sous le titre « Un jour j’ai trouvé un papillon arc-en-ciel ». « Je pense que la poésie nous aide à distinguer la magie dans nos sociétés technologiques, dit l’artiste. Elle nous inspire et nous permet de voir le quotidien sous un angle magique. »

Née en 1973, installée au Cap, Lyndi Sales a commencé sa carrière artistique en travaillant sur le crash non élucidé du vol 295, dit The Helderberg, de la South African Airways, le 28 novembre 1987, dans lequel son père trouva la mort ainsi que 158 autres personnes. « Mon travail sur The Hederberg a marqué le début de ma carrière et, à travers le processus cathartique de création, je suis devenue capable de plonger profondément en moi-même et de prendre des risques, soutient Sales. Les gens ont réagi positivement à cette démarche, avec leurs propres blessures, leur propre tristesse, leurs propres pertes. Aujourd’hui, je peux puiser dans cette conscience interne, même si mon travail a pris une nouvelle trajectoire. »

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Il y a de la beauté dans la capture visuelle des données d’une radio ou d’un télescope satellite

Au-delà du visible

Plonger au cœur des choses, aller au-delà du visible, voilà ce qui semble désormais guider la démarche de Lyndi Sales, qui n’hésite pas à travailler avec des scientifiques de pointe comme ceux du Texas A&M College of Engineering, cherchant la magie et la beauté dans l’ultrarationnel.

« L’information scientifique se présente souvent sous forme abstraite, en motifs, en codes, en chiffres, et ces éléments représentent un point de départ pour moi. Il y a de la beauté dans la capture visuelle des données d’une radio ou d’un télescope satellite, ou des images microscopiques du monde naturel. Les chercheurs ont une démarche analytique, et cela peut prendre un moment avant que je trouve l’inspiration dans leurs travaux. Quand ils visualisent leurs données, il ne s’agit pas vraiment de poésie mais plutôt de passion pour les réponses ou de découverte de l’inconnu. Moi, j’essaie de faire briller la magie de leurs recherches. »

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Ainsi, avec des œuvres comme Pituitary gland ou Oxytocin, Lyndi Sales modélise en couleurs chatoyantes l’hypophyse et l’ocytocine, neuropeptide surnommé « hormone du bonheur » agissant sur l’utérus et les glandes mammaires – et dont on dit qu’elle pourrait avoir un rôle dans l’orgasme, la reconnaissance sociale, l’empathie, l’anxiété… Mais ses explorations scientifiques entraînent aussi Lyndi Sales du côté des rêves, des symboles, des mondes parallèles, donnant naissance à des œuvres délicates qui paraissent souvent fragiles.

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Pour moi, les arcs-en-ciel ont à voir avec la magie, l’intangible, l’espoir, l’illusion, la beauté, le fantasme

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L’arc-en-ciel qui donne son titre à l’exposition est bien sûr un symbole politiquement fort mais… « C’est aussi beaucoup plus que cette analogie politique, précise l’artiste, qui représentait l’Afrique du Sud à la Biennale de Venise en 2011. Pour moi, les arcs-en-ciel ont à voir avec la magie, l’intangible, l’espoir, l’illusion, la beauté, le fantasme et le domaine des anges. Mais ils ont aussi des significations négatives, comme la concupiscence, la superstition ou les rêves impossibles. Ils représentent enfin le lien entre le monde réel et le monde caché. » Peut-être y a-t-il là une définition de ce que créer veut dire.

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