Maroc : dans l’ancien atelier de Farid Belkahia

L’ancien atelier de l’artiste marocain Farid Belkahia est aujourd’hui un espace de mémoire, d’art et de culture.

L’atelier de l’artiste, devenu lieu d’exposition. © FOUAD MAAZOUZ

L’atelier de l’artiste, devenu lieu d’exposition. © FOUAD MAAZOUZ

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 5 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

D’abord, il y a les arbres. Ces arbres si importants dans l’œuvre du plasticien marocain Farid Belkahia qu’ils furent au cœur d’une exposition et d’un livre : Farid Belkahia. L’entre-monde ou la symbolique de l’arbre, publié par la fondation qui porte son nom en 2017. C’est en 1961, après s’être perdu dans une forêt des Tatras, en Tchécoslovaquie, que le jeune homme, qui avait alors 27 ans, commença à s’intéresser à cette thématique et à peindre des forêts…

Ainsi n’est-il guère surprenant qu’il ait voulu installer son atelier au cœur d’un vaste jardin. C’est ce lieu, où il travailla des années durant, qui abrite, depuis février 2016, le musée (Mathaf) Farid-Belkahia.

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Une fois passée la rotonde Art déco, le Diwan Al Majalis, conçu pour accueillir colloques, conférences et concerts, la bâtisse discrète du musée invite à découvrir le monde de celui qui fut le directeur de l’École des beaux-arts de Casablanca entre 1962 et 1974. Formé aux Beaux-Arts de Paris (1955-1959), puis à l’Académie de théâtre de Prague en scénographie (1959-1962), Farid Belkahia joue un rôle essentiel au Maroc dans la « décolonisation des imaginaires » en proposant un enseignement ouvert, émancipé des pratiques occidentales.

Lui-même abandonne progressivement la peinture sur chevalet pour exploiter d’autres matériaux

S’entourant des artistes Mohamed Melehi et Mohamed Chebaa, ainsi que des historiens de l’art Toni Maraini et Bert Flint, il incite les élèves de l’école à se réapproprier la tradition et les formes artistiques locales sans pour autant rejeter la modernité. Lui-même abandonne progressivement la peinture sur chevalet pour exploiter d’autres matériaux, d’abord le cuivre, puis la peau. Renonçant aux produits chimiques, il ne travaille plus qu’avec des pigments naturels et des minerais.

Cuivre et peau

Au musée, une sélection d’œuvres, souvent de grande taille, permet de se faire une idée des intentions de l’artiste. Matière à la fois dure et malléable, le cuivre est martelé, tordu, oxydé, moulé pour façonner des peintures sculptées, des bas-reliefs parfois osés d’où jaillissent des corps ou des éléments de corps, la plupart du temps féminins.

Hautement symbolique, la peau tendue sur des cadres de bois se couvre de signes travaillés au henné ou au cobalt, donnant naissance à des œuvres à mi-chemin entre figuration et abstraction, à la fois sensuelles et métaphysiques, telles que Main (1980), Procession (1996), Labyrinthe (1986), Lalla Mira (1985) ou La Rectitude de l’être (1989).

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La salle d’exposition permanente du musée s’ouvre sur l’atelier de l’artiste, partiellement conservé, et permet de naviguer du regard entre ses objets fétiches, ses livres, ses outils, ses photos, ses matériaux. Quant à la salle d’exposition temporaire, elle propose actuellement, et jusqu’au 31 mars 2019, une mise en lumière du bouillonnement artistique de la période 1962-1974 autour de l’école de Casablanca, avant que Belkahia ne rende son tablier, la municipalité coupant les vivres, faute de pouvoir dicter sa loi aux artistes… En 2020, le Centre Pompidou consacrera une grande rétrospective à Farid Belkahia, sous le commissariat de Catherine David et de Michel Gauthier.

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