Musique : avec « Conquistadors », Toofan part à la conquête d’un empire

Toofan, sensation afro-pop ouest-africaine, a sorti « Conquistadors » chez la major Universal Music Africa. Une consécration, même si leur carrière ne date pas d’hier.

Masta Just 
et Barabas. © fifou/universal music

Masta Just et Barabas. © fifou/universal music

eva sauphie

Publié le 5 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Quand l’un commence une phrase, l’autre la termine. Tous les deux planqués derrière des lunettes de soleil, une casquette dernier cri vissée sur la tête, Masta Just et Barabas, 34 ans, ont lancé leur album Conquistadors dans les locaux parisiens de Universal Music, leur nouvelle maison de disques (antenne africaine).

Si Fatowou Kossivi et Blaise Mensah – de leurs vrais noms – affichent une telle connivence, rien de surprenant. Ils ont grandi dans le même quartier de Lomé. Gamin, Masta a pour habitude de gratter sa guitare dans les gradins, pendant que son futur acolyte frappe la balle sur le terrain de foot. « Il suffisait d’une note pour que les jeunes s’arrêtent de jouer. J’ai volé la vedette à Barabas ! » s’amuse-t-il.

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Éperviers Ogbragada, l’hymne de la sélection togolaise

Fana de l’équipe nationale, le tandem – rapidement complété par Allone, avant son départ en 2008 – bricole d’abord des morceaux pour « ambiancer » les stades. Ce qui ne devait être qu’un passe-temps d’ados prend une autre tournure quand sort Éperviers Ogbragada (« en pleine forme »), en 2005. Ce carton local devient l’hymne de la sélection togolaise et débouche sur un premier album, Obragada 2006. « On ne connaissait rien à la musique à ce moment-là. Il n’y avait aucune industrie au Togo », se souvient Barabas. Mais le timing est parfait pour le groupe, qui peut creuser son sillon dans un secteur où tout est à inventer. « On était fiers d’être managers, producteurs, tout en même temps ! » disent-ils en chœur.

On calculait le nombre d’albums que l’on pouvait écouler en quatre-vingt-dix minutes de jeu

Cette notoriété soudaine permet aux Toofan d’accompagner l’équipe nationale en Allemagne. Déjà, leur sens des affaires se fait sentir. « On était des “50 cents” », confirme Barabas. « De vrais businessmen, complète son camarade. On calculait le nombre d’albums que l’on pouvait écouler en quatre-vingt-dix minutes de jeu, devant un public de 40 000 personnes », détaille-t-il comme il énoncerait un problème de maths. Jackpot ce soir-là, la victoire revient aux Togolais, et ce sont quelque 15 000 albums qui s’arrachent. Quatre albums plus tard, le goût du bling n’a pas quitté le binôme. On le constate sur le blouson griffé Givenchy de Masta comme sur le titre « Money » du projet studio sorti fin août 2018, Conquistadors.

« Cool catché »

Si, grâce à Universal, le duo espère étendre « l’empire Toofan », il n’en oublie pas sa fan base : la jeunesse togolaise. « Notre concept “cool catché” – qui a donné naissance à la danse du même nom – signifie “rester cool” dans le quartier malgré les difficultés », énonce Masta. Ce qui explique le choix du mina aux côtés du français et de l’anglais pour cet opus. « Ce n’est pas parce qu’on est chez Universal que nous nous sommes européanisés ou américanisés », concèdent ces « rassembleurs » autoproclamés.

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Fins stratèges, ils ont fait appel à la chanteuse de variété française Louane comme au rappeur américain Wale et au roi de la rumba congolaise, Koffi Olomidé, côté featuring. L’occasion pour cette team tactique d’étendre sa cible. « On n’a pas eu de directeur artistique. Universal nous a demandé de faire un album à la Toofan, on l’a fait », préviennent ces maîtres de la gestion de projets.

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