Espagne – Afrique : le secteur privé en éclaireur
Les entreprises espagnoles sont chaque année plus nombreuses à mettre le cap sur l’Afrique. Avide de nouveaux débouchés pour mieux digérer une crise qui continue de secouer l’économie nationale, le secteur privé ibérique voit dans le continent des perspectives de développement prometteuses. Coup de projecteur sur quelques-unes de ces centaines de sociétés parties à la conquête des marchés subsahariens.
Espagne-Afrique : à l’heure des retrouvailles
L’Espagne redécouvre l’Afrique. Bien sûr, elle en connaît depuis longtemps les côtes qu’elle voit sans difficulté par temps clair. Et, d’Al-Andalus à Ceuta et Melilla, les confettis marocains hérités de la Reconquista, les liens culturels et économiques qu’entretient de longue date la péninsule avec ses proches voisins du Maghreb ont largement contribué à façonner les sociétés des deux côtés de la Méditerranée. Mais pour l’Espagne, l’un des rares pays d’Europe à faire géographiquement partie de l’Afrique, l’Histoire se conjugue toujours au présent sur le continent.
Présent sur le continent depuis 1940, le groupe Acciona, spécialisé dans les énergies renouvelables, l’eau et l’assainissement, dirige aujourd’hui des projets dans neuf pays africains : de la construction de cinq stations d’épuration – dont celle de Gabal El Asfar, en Égypte, la plus grande exploitée aujourd’hui sur le continent – à la mise en place de réseaux de transmission électrique au Kenya, en passant par l’exécution du chantier du Grand Musée égyptien d’archéologie ou la maintenance des infrastructures hydrauliques de la ville du Caire.
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Après avoir construit la centrale photovoltaïque la plus productive du continent, à Sishen, en Afrique du Sud, Acciona réalise actuellement la plus grande centrale solaire thermodynamique d’Afrique, à Ouarzazate, signant au passage, pour 775 millions d’euros, le plus gros contrat jamais octroyé au Maroc à un consortium espagnol.
- Grupo Pefaco dévoile son jeu
Souvent présenté comme le numéro un des cercles de jeux en Afrique francophone, le groupe Pefaco, établi à Barcelone, a été fondé en 1995 par le Français Francis Perez. Il réalise un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros et emploie cinq mille personnes dans neuf pays d’Afrique. Il s’est fixé pour objectif de doubler sa taille en deux ans.
Le groupe espagnol s’est fait un nom sur le continent grâce à ses trois cents Lydia Ludic, des salles de jeux installées au Togo, au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Burundi, au Niger, en RD Congo et, depuis peu, au Rwanda. Il cherche aujourd’hui à acquérir ses deux premiers casinos sur le continent, à Dakar. Grupo Pefaco est également présent dans l’hôtellerie puisqu’il possède deux établissements cinq étoiles au Congo.
- Incatema Consulting & Engineering plante sa graine
Fondée en 1994 à Madrid, l’entreprise livre des projets clé en main dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de la pêche et de l’aquaculture. Elle termine la construction d’une école de formation professionnelle dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture, près de Luanda. Dans le même temps, elle forme en Espagne les dix-neuf futurs professeurs angolais de ce centre. Le budget annoncé pour l’ensemble du projet porte sur 98 millions d’euros.
Incatema Consulting & Engineering a également été choisi dans le cadre du programme Mesures d’accompagnement dans le secteur de la banane (MAB), instauré par l’Union européenne, pour évaluer la situation de la filière au Cameroun. L’entreprise dispose de filiales en Angola, ainsi qu’en Haïti, en République Dominicaine et au Royaume-Uni. Son chiffre d’affaires a atteint 39 millions d’euros en 2018.
- Mediterrania Capital Partners, à fond l’investissement
Implanté à Barcelone et spécialisé dans la croissance des petites et moyennes entreprises en Afrique du Nord et sur le reste du continent, Mediterrania Capital Partners est le seul groupe espagnol de capital-investissement présent en Afrique. Il investit au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Égypte, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
La levée de son troisième fonds, baptisé MC III, d’un montant de 103 millions d’euros, lui a permis de renforcer sa présence en Afrique de l’Ouest via la signature d’un partenariat stratégique avec la Compagnie financière africaine (Cofina), en 2018. Cette prise de participation minoritaire, assortie d’une assistance technique, permettra à Cofina de lever jusqu’à 50 millions d’euros sous forme de capital et de dette d’ici à 2021. De son côté, Mediterrania Capital Partners compte accélérer sa croissance régionale grâce à l’implantation de son partenaire au Bénin, au Burkina Faso, au Nigeria et au Togo.
- Radiotrans en ligne
Spécialisée dans l’ingénierie, la fourniture, l’installation et la mise en service de matériels et de systèmes de télécommunications, l’entreprise madrilène est présente dans vingt-cinq pays africains. Elle dispose de bureaux et d’entrepôts au Maroc, tandis que ses employés, installés en Tunisie et au Sénégal, sont chargés de couvrir l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest.
Après avoir travaillé pour la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) marocaine et les forces armées ougandaises, Radiotrans a été sélectionné pour la mise en place d’un système de communication radio VHF à l’Office togolais des recettes (OTR). Le contrat, en cours d’exécution, s’élève à 500 000 euros. En 2017, Radiotrans a réalisé un tiers de ses 27 millions de chiffre d’affaires en Afrique. Un résultat qu’il souhaite encore améliorer, en implantant de nouveaux bureaux pour couvrir, à terme, l’ensemble du continent.
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- Siemens Gamesa, synergie renouvelable
Le mariage entre l’allemand Siemens Wind Power et l’espagnol Gamesa, signé en 2007, a donné naissance à un géant du secteur de l’éolien, onshore et offshore, présent dans le monde entier, avec plus 90 GW installés dans 90 pays. En Afrique, Siemens Gamesa dispose d’une capacité de production de 3 GW. Présent au Maroc depuis quinze ans, le groupe, coté à la Bourse de Madrid, a fait du royaume son accès privilégié vers le reste de l’Afrique. C’est à Tanger qu’il a inauguré en 2017, pour 100 millions d’euros, sa première usine de pales d’éolienne sur le continent. Chargée d’alimenter le marché local, où l’utilisation des énergies renouvelables doit atteindre 52 % en 2030, cette unité devrait aussi approvisionner l’ensemble du continent africain, ainsi que l’Europe et le Moyen-Orient.
Elle est déjà parmi les plus abordables et représente certainement la meilleure solution pour électrifier le continent
Déjà leader de l’éolien en Afrique, Siemens Gamesa entend le rester. Dans un univers très concurrentiel, le groupe profite de sa position pour garder un coup d’avance en matière technologique et de coût, afin de rendre l’énergie renouvelable encore plus compétitive, notamment en Afrique. « Elle est déjà parmi les plus abordables et représente certainement la meilleure solution pour électrifier le continent », veut croire Enrique Pedrosa, responsable de la zone Afrique - Moyen-Orient pour l’entreprise. De plus en plus de pays africains, du Sénégal à la Tanzanie, en passant par la Zambie, semblent l’avoir compris et font appel à l’expertise de Siemens Gamesa pour faire décoller leurs projets.
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