Quand Nollywood séduit Netflix

Depuis une dizaine d’années, le catalogue de la plateforme de films et de séries en ligne Netflix ne cesse de s’étoffer. Notamment avec des contenus africains, entre acquisitions et créations originales.

The Burial of Kojo.

The Burial of Kojo.

KATIA TOURE_perso

Publié le 6 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

«C’était un rêve. » C’est en ces termes que le musicien et rappeur ghanéen Samuel Bazawule, plus connu sous le nom de Blitz The Ambassador, a qualifié, sur Twitter, sa rencontre avec Ava DuVernay, en février. La réalisatrice africaine-américaine a fait l’acquisition, en partenariat avec Netflix, de The Burial of Kojo, le tout premier film de l’artiste.

À compter du 31 mars, ce long-métrage sélectionné pour le Festival international du film panafricain de Cannes prendra place au sein du catalogue foisonnant de Netflix, géant américain du service de vidéo à la demande. The Burial of Kojo vient s’ajouter à la longue liste des productions réalisées en Afrique que l’on retrouve désormais sur Netflix.

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La société, qui, à sa création, en 1997, n’était qu’une simple entreprise de location de DVD, propose aujourd’hui une vingtaine de films nollywoodiens qu’elle a commencé à acquérir dès 2015. Parmi eux, The Wedding Party, de Kemi Adetiba, Maman, papa, la voilà, de Tony Sebastian Ukpo ou Des voisins presque parfaits, d’Oyefunke Fayoyin. À quoi il faut ajouter des films sud-­africains et kényans, et même des perles comme I Am Not a Witch, de la Zambienne Rungano Nyoni.

Nouvelle stratégie

Courant 2018, le groupe, qui pèse 16 milliards de dollars, a dévoilé une nouvelle stratégie : miser sur les pays dits émergents. Aussi, après plusieurs créations originales réalisées en Amérique latine et en Inde, la société a mis le cap sur l’Afrique. En septembre 2018, le groupe a racheté les droits mondiaux de Lionheart, une comédie de la réalisatrice et actrice de Nollywood Geneviève Nnaji, à la veille de sa projection au Festival international du film de Toronto. Coût : 3 millions de dollars. En outre, la plateforme annonçait l’an dernier que sa toute première série originale africaine verrait le jour dans le courant de 2019.

Dès décembre 2015, Netflix avait été lancé en Afrique du Sud avant de s’étendre à l’ensemble du continent, en janvier 2016. Aujourd’hui, la société compte plus d’abonnés à l’international (80,7 millions dans près de 190 pays) qu’aux États-Unis (58,4 millions). Si Netflix ne communique pas sur son parc d’abonnés en dehors de l’Amérique du Nord, certains bureaux d’études permettent de saisir quelques estimations. Digital TV Research atteste qu’en 2017 l’Afrique subsaharienne comptait 1 million d’abonnés à Netflix. Le chiffre aurait doublé, pour atteindre 2 millions en 2018. Pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, le cabinet Simon Murray parle de 3 millions d’inscrits en 2018.

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Netflix fait d’ores et déjà de l’ombre aux services de VOD implantés en Afrique, comme la plateforme Iroko TV. Et le géant ne devrait pas s’inquiéter de la concurrence d’Amazon Prime Video, autre mastodonte du service VOD. Lancé en novembre 2016, ce principal concurrent propose un catalogue moins fourni et ne compte qu’une centaine de millions d’abonnés. Par ailleurs, Amazon multiplie les stratégies pour contrer la société de Reed Hastings, mais ses radars ne sont absolument pas tournés vers l’Afrique. Du moins, pour l’instant…

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