Tunisie : 10 choses à savoir sur Lotfi Zitoun, figure d’Ennahdha
Sujets de société, place de la religion dans la vie politique… À 54 ans, le Tunisien Lotfi Zitoun n’hésite pas à aller à rebours de la majorité conservatrice du parti islamiste Ennahdha.
1. Amazigh
Ses parents, des Berbères originaires du sud de la Tunisie, sont nés dans des villages nichés sur les hauteurs de Matmata et se sont par la suite installés dans la capitale. Lui a grandi dans la médina de Tunis.
2 . Torturé
Suspecté d’avoir participé à la supposée tentative de coup d’État du 8 novembre 1987 fomentée par un groupuscule islamiste, il est arrêté un mois après l’arrivée au pouvoir de Ben Ali. Incarcéré (et torturé) pendant un an et quatre mois, il se réfugie ensuite en Algérie en 1990, puis en Grande-Bretagne.
3. Proche du chef
De vingt-trois ans son aîné, Rached Ghannouchi a d’abord été son professeur à l’université. Ayant tous deux vécu en exil à Londres, de 1991 à 2011, ils sont devenus compagnons de route. Cette proximité avec le chef d’Ennahdha vaut à Lotfi Zitoun de nombreux honneurs, mais aussi la jalousie d’une partie des militants.
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4. Saint-Valentin
C’est à Londres qu’il a rencontré sa future épouse, une réfugiée politique tunisienne, qu’il a lui-même accueillie sur le territoire britannique. Ils se sont fiancés le jour de la Saint-Valentin et mariés en 1995.
5. Père syndicaliste
Ali Zitoun, son père, ouvrier dans une usine de tissage, a participé à la célèbre grève générale de janvier 1978. Il était un disciple de Habib Achour, un militant de l’indépendance, qui cofonda le syndicat UGTT.
6. « Parti civil »
Bien que membre du bureau exécutif du parti, Lotfi Zitoun n’a jamais hésité à braver l’avis de la majorité. En 2011, il s’est opposé à ce qu’Ennahdha, qu’il jugeait mal préparée, participe aux premières élections. Il a ensuite milité en faveur d’un gouvernement de technocrates pour remplacer la troïka, puis, en 2013, a démissionné de son poste de ministre conseiller chargé des Affaires politiques auprès du Premier ministre. En février 2019, il a appelé Ennahdha à devenir un parti civil et à cesser d’utiliser la religion à des fins politiques.
7. Journalistes
Lorsqu’il était ministre, il a fréquemment pris à partie les médias, les sommant sur un ton agressif de faire preuve de « plus de responsabilité » et menaçant de publier une liste noire des journalistes ayant collaboré avec Ben Ali. Une vraie-fausse liste qui a finalement été diffusée par la présidence, sous Moncef Marzouki.
La Tunisie a besoin de consensus
8. Cohésion nationale
Après les élections de 2014, il a été l’un des artisans du rapprochement avec Nidaa Tounes. « La Tunisie a besoin de consensus. Dans le contexte actuel, c’est l’unique voie qui permette de maintenir la cohésion politique et sociale du pays », a-t-il déclaré dans une interview à JA, fin 2018.
9. Espérantisme
Son père lui a transmis sa passion pour l’Espérance de Tunis. Il a laissé éclater sa joie sur les réseaux sociaux lorsque, en 2018, ce club de football a remporté le titre de champion d’Afrique.
10. Liberté « sacrée »
En 2012, il s’est dit opposé à des peines de prison pour les consommateurs de drogue. En 2017, dans une tribune, il a défendu les non-jeûneurs du ramadan. En février 2019, interrogé sur la légalisation de l’homosexualité, il a affirmé que dans « l’espace intime » la liberté était « sacrée »..
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