Algérie : comment le régime Bouteflika a fait volte-face
Comment Abdelaziz Bouteflika a-t-il pris la décision de renoncer à un cinquième mandat ? Faut-il croire en ses promesses de changement ? Quelles peuvent être les perspectives d’avenir ? Enquête exclusive.
Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
Dans ce vaste bureau du palais d’El-Mouradia, siège de la présidence, ils sont six autour de la table, en cette matinée ensoleillée du lundi 11 mars. L’heure est grave, les mines aussi. Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur, Ramtane Lamamra, ministre d’État et conseiller diplomatique du chef de l’État, et enfin Benamor Zerhouni, conseiller à la présidence et plume réputée du chef de l’État, sont chargés d’échafauder un plan pour sauver le régime.
Car depuis l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, le 10 février, une mobilisation citoyenne entend tout emporter sur son passage, en l’occurrence le système et les hommes qui l’incarnent. De ce conclave dépend l’avenir de l’Algérie, et sans doute aussi le sort de certains des participants. Les six hommes tranchent après plusieurs heures de débat. La présidentielle du 18 avril ? Reportée sine die. Une lettre du président, dont les contours ont été esquissés la veille, est envoyée dans la soirée aux médias. L’un des convives suggère d’y ajouter ce passage : « Il n’y aura pas de cinquième mandat. »
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