BTP : le sénégalais Arezki trace sa route loin de Dakar
Fort de ses carrières de basalte, le groupe de BTP Arezki s’est imposé dans la construction de ponts et d’infrastructures routières dans le sud et l’est du pays. Il compte notamment à son actif le pont Sénégambie, inauguré le 21 janvier.
Hormis les professionnels du BTP, peu de Sénégalais connaissent l’existence du groupe Arezki. Créé en 1962 par Mahmoud Arezki, mécanicien algérien venu s’installer au Sénégal avant l’indépendance, il fait pourtant partie des trois plus grands acteurs du secteur, aux côtés de la Compagnie sahélienne d’entreprises et du Consortium d’entreprises. L’explication tient au fait que ce spécialiste de la construction de routes intervient, pour l’essentiel, dans les parties orientale et méridionale du Sénégal ainsi qu’en Gambie et en Guinée-Bissau.
Pourquoi un tel choix ? « Travailler à Dakar n’est pas rentable, il y a trop de circulation », explique le fils du fondateur Tarek Arezki, patron du groupe familial dont il est actionnaire avec ses frères et sœur Ziad, Ahmed et Yousra. De Tambacounda à Ziguinchor en passant par Kolda, et de Bissau à Banjul, l’essentiel des travaux publics, routiers et autres ouvrages d’art porte l’empreinte de l’entreprise qui a réalisé 80 milliards de F CFA (122 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2018.
Se rapprocher des carrières de basalte
Parmi ses réalisations : la réhabilitation de la route nationale Tambacounda-Kidira-Bakel, comportant deux tronçons (65 milliards de F CFA financés par les Fonds saoudien et koweïtien de développement et l’État du Sénégal), les travaux d’entretien des routes dans les régions de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou (52 millions de dollars via le Fonds d’entretien routier sénégalais), la construction et la réhabilitation des voiries urbaines de Bissau pour près de 63 millions de dollars financés par la BOAD, la réhabilitation des aires de stationnement avion de l’aéroport international de Bissau et de celui de Banjul.
L’autre facteur expliquant le choix d’œuvrer dans l’est et le sud-est du pays tient à la présence de carrières de basalte, matière première essentielle à la construction des routes. « Nous détenons nos propres carrières, c’est le secret de notre compétitivité », confie le patron, toujours sur le terrain entre Dakar, Bissau et Banjul. Les deux carrières, situées au Sénégal et en Guinée-Bissau, produisent, en moyenne, 500 000 t de pierres par an.
Du fait de la croissance du secteur de la construction et de la multiplication des grands chantiers, le pays est confronté à une pénurie de pierres. Un avantage décisif lors de la réalisation du pont transgambien.
« En tant que leader du groupement chargé du projet, l’espagnol Corsan, avant sa faillite, réalisait pour 500 000 euros de travaux par mois. Quand nous avons pris la direction du projet, nous avons facturé 2,5 millions d’euros par mois. Cela veut dire que nous avons travaillé cinq fois plus vite, notamment grâce à notre capacité à nous fournir en pierres », explique le dirigeant.
Un carnet de commande de près de 600 millions de dollars
Résultat, le 21 janvier, l’entreprise a eu droit à son quart d’heure de gloire, à l’occasion de l’inauguration du pont Sénégambie, (60 millions d’euros), bâti en quatre ans et dont les premières ébauches remontaient aux années 1970. Désormais, Ziguinchor est à six heures de Dakar contre plus de douze heures auparavant. L’entreprise a aussi participé, comme sous-traitant, à la réalisation des ponts de São Vicente (670 m) et de Joâo Landim (720 m) en Guinée-Bissau.
Le groupe s’est installé dans le pays en 1995 en acquérant les infrastructures de la filiale du koweïtien CCC, puis s’est renforcé en 2001 en mettant la main sur les chantiers navals de Guinée-Bissau, et en 2006 sur la filiale de l’italien Astaldi. La même stratégie d’absorption a été répliquée en Gambie où il est présent depuis les années 1970.
Mais ce n’est qu’en 2013 qu’il y a ouvert une filiale. La même année, Arezki a pris le contrôle de la filiale du groupe néerlandais Ballast Nedam. C’est l’année suivante que le groupe s’est lancé dans l’exécution de grands chantiers d’infrastructures. Discret sur les projets à venir, le PDG se borne à rappeler que son groupe dispose d’un carnet de commandes de près de 600 millions de dollars jusqu’en 2020.
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