Burkina – Gaston Kaboré : « Le Fespaco sert de stimulateur au cinéma africain »

Le réalisateur burkinabè livre à Jeune Afrique son regard sur le Fespaco.

Gaston Kabore, cinéaste burkinabè, posant dans l’enceinte de l’Institut Imagine qu’il a fondé à Ouagadougou. © Sophie Garcia/hanslucas

Gaston Kabore, cinéaste burkinabè, posant dans l’enceinte de l’Institut Imagine qu’il a fondé à Ouagadougou. © Sophie Garcia/hanslucas

leo_pajon

Publié le 18 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le Fespaco est-il indispensable au cinéma africain ?

Oui, car c’est un lieu où s’effectue une rencontre intergénérationnelle entre professionnels et amoureux du cinéma. Bien sûr, il y a parfois des chocs électriques : nous avons des perceptions, des visions différentes sur ce que doit être le cinéma africain. Il m’arrive d’avoir le sentiment que certains sont comme des enfants qui veulent rejeter le père.

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Mais ces confrontations sont intéressantes et nous font avancer. Nous n’avons jamais été contre le fait que d’autres festivals naissent ailleurs : nous avons soutenu la création du Ziff à Harare, du Mogpafis à Mogadiscio, du Sithengi à Cape Town, ces deux derniers ayant aujourd’hui disparu… Mais je crois qu’il y a quelque chose que les cinéastes trouvent ici et seulement ici, une certaine relation au public et une légitimation de leur travail.

Les gens viennent parce qu’ils croient que ce cinéma n’est pas que d’apparat, qu’il joue un rôle important pour le devenir des Africains

Comment expliquer les problèmes récurrents d’organisation ?

Un adolescent en pleine croissance peut souffrir de scoliose. C’est pareil pour le festival, qui a beaucoup grandi. Et nous sommes aussi dépendants du développement des cinématographies africaines… Malgré tout, nous servons de stimulateur. Les cinéastes peuvent dire à leurs dirigeants : « Vous nous dites que vous n’avez pas d’argent, et pourtant le Burkina, un pays pauvre, y arrive ! »

Comment faites-vous face aux risques d’attentat ?

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Nous n’avons jamais mis le festival en pause. Nous ne nions pas les risques, mais nous pensons qu’il est possible de les minimiser. Des amis m’écrivent : « Gaston, tu en penses quoi, est-ce qu’on peut venir ? » Je leur réponds que je ne peux pas assurer que Ouaga soit plus sûre que Paris, Londres ou Bruxelles.

Mais l’envie d’être ensemble doit rester plus forte que la peur. Les gens viennent parce qu’ils croient que ce cinéma n’est pas que d’apparat, qu’il joue un rôle important pour le devenir des Africains. Il faut se battre pour garder le Fespaco et maintenir le désir de rencontre, de partage, afin que la jeunesse ne soit pas désemparée et qu’elle n’aille pas s’écraser sur les récifs de la mondialisation.

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