Cinéma : dans « Us », Lupita Nyong’o plonge dans l’horreur américaine de Jordan Peele

Avec « US », le réalisateur Jordan Peele propose un film de genre virtuose porté par une Lupita Nyong’o remarquable.

Lupita Nyong’o, dans une scène de « Us », de Jordan Peele. © DR / Universal Pictures

Lupita Nyong’o, dans une scène de « Us », de Jordan Peele. © DR / Universal Pictures

Renaud de Rochebrune

Publié le 20 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Adelaide se promène avec ses parents dans une fête foraine, en Californie. La mère s’absente un moment ; le père, absorbé par un jeu, ne la voit pas s’éloigner. Elle longe la plage puis, attirée par une sorte de palais des glaces, pénètre dans ce lieu quelque peu inquiétant : une chouette sort d’un mur, les miroirs sont déformants… Effrayée, Adelaide se retrouve à un moment face à son image, qui se révèle être non pas son simple reflet mais un être vivant possédant ses traits : son double. Elle fuit.

Cette scène, projetée avant le générique, est une sorte de prologue de Us. Le réalisateur, Jordan Peele, s’y entend pour installer, avec des images esthétisantes et chargées de détails, une ambiance fantastique préfigurant un film d’horreur. Rien d’étonnant, se dit-on, puisqu’il s’agit du deuxième long-métrage de ce réalisateur africain-américain ayant fait une percée spectaculaire dans le genre il y a un peu plus de deux ans.

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Discrimination raciale dans l’Amérique

Get Out racontait alors comment un couple de jeunes Américains, un Noir très brillant et sa fiancée blanche, allait passer un week-end à la campagne chez les parents de cette dernière. Un homme et une femme supposés libéraux mais se révélant être des suprémacistes prêts à tout pour empêcher une union mixte.

Pièges, tortures, sang, tout le registre du cinéma d’horreur était convoqué dans ce film en huis clos original, mêlant action, peur, angoisse et réflexion sociale sur la persistance de la discrimination raciale dans l’Amérique contemporaine. Un long-métrage qui avait coûté 4,5 millions de dollars, et qui en avait rapporté plus de 180 millions après son immense succès en salle.

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Plus loin dans l’horreur

L’actrice Madison Curry. © Universal Pictures

L’actrice Madison Curry. © Universal Pictures

Avec Us, on attendait une suite à plus grande échelle de Get Out, d’autant que le très prometteur Jordan Peele, qui disposait cette fois de beaucoup plus de moyens, avait annoncé qu’il voulait aller plus loin dans l’horreur.

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À bien des égards, on n’est pas déçu. On ne racontera pas l’intrigue en détail, bien sûr, mais disons qu’il s’agit d’une suite du prologue évoqué ci-dessus. Adelaide, adulte, revient pour des vacances avec son mari et ses deux enfants dans la maison familiale où elle a vécu autrefois ce moment cauchemardesque. La persécution par des doubles bien réels va recommencer, mais va cette fois concerner toute la famille et même toute la région.

Eux et nous

Lupita Nyong’o, dans une scène de "Us". © DR / Universal Pictures

Lupita Nyong’o, dans une scène de "Us". © DR / Universal Pictures

Encore plus réussi que Get Out sur le plan esthétique, avec des plans évoquant parfois des tableaux d’Edward Hopper ou de David Hockney, un scénario encore plus inventif, une réalisation virtuose, Us a été accueilli par une critique américaine dithyrambique qui compare l’auteur à Hitchcock, Spielberg, Haneke voire Kubrick !

Avec une Lupita Nyong’o remarquable dans le rôle d’Adelaide, Us a cependant perdu en partie ce qui faisait de Get Out plus qu’un film de genre. Si l’on peut voir dans ce long-métrage une critique de l’Amérique qui distingue « nous » (us) de « l’autre », quel qu’il soit, on est pour l’essentiel face à un film d’horreur mâtiné de traits d’humour un peu plaqués qui ravira les amateurs du genre, que le réalisateur soit africain-américain ou non. Ce qui n’est pas rien, il est vrai…

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