Mali – Mahmoud Dicko : « La démocratie représentative qu’on nous impose ne fonctionne pas chez nous »

Fort d’une importante capacité de mobilisation, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), revendique son implication dans la sphère politique et ne cache pas son opposition frontale au gouvernement.

Imam Mahmoud Dicko dans le bureau du Haut conseil islamique,  en février 2019. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Imam Mahmoud Dicko dans le bureau du Haut conseil islamique, en février 2019. © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Aïssatou Diallo.

Publié le 22 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Vue de Bamako depuis le sommet de la colline Lassa. © Sylvain Cherkaoui pour JA
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Mali : l’heure du sursaut ?

Fruit d’une prise de conscience collective, une nouvelle dynamique est à l’œuvre au sein de la classe politique, de la société civile et des milieux d’affaires. De quoi engager les réformes institutionnelles et le recentrage économique nécessaires au redressement du pays ?

Sommaire

Jeune Afrique : Quel était le rôle initial du HCIM et le joue-t-il encore ?

Mahmoud Dicko : Le HCIM fait office d’interface entre les pouvoirs publics et la communauté musulmane. C’est son rôle et c’est ce que nous faisons. S’il y a un problème sociétal, c’est à nous d’alerter les autorités. Si ces dernières ont un message pour la population, elles se tournent vers nous pour le relayer.

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Peut-on parler de la montée d’un islam politique au Mali ?

Que signifie islam politique ? Je ne connais qu’un islam. Lorsqu’un musulman s’intéresse à la vie de son pays, est-ce qu’il fait de sa religion une religion politique ? On peut parler de leaders religieux musulmans politiques, mais il n’y a pas d’islam politique.

>>> À LIRE – Au Mali, l’influence grandissante des leaders religieux musulmans

Etes-vous un leader religieux politique ?

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Je ne suis pas un politique, mais je suis un leader et j’ai des opinions. Si cela est politique, je suis politique.

Certains estiment que le Mali va vers un islam de plus en plus rigoriste. Partagez-vous ce constat ?

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Je ne vois pas les choses comme cela. L’islam du Mali, qui est un pays musulman à plus de 90 %, a toujours été tolérant. Les gens confondent l’islam et la société malienne, ce qui est une erreur. C’est cette société qui, elle-même, devient exigeante, qui pense que la gouvernance doit être améliorée.

Selon vous, pourquoi la crise sécuritaire dans le Nord et le Centre s’aggrave-t-elle ?

Quand les dirigeants gouvernent seuls, cela ne peut pas marcher. Ils nous traitent comme les Occidentaux nous traitaient en leur temps. Souvenez-vous de l’article 13 de la charte de l’impérialisme : « Les pays du Tiers Monde n’ont ni culture ni civilisation qui ne se réfèrent à la civilisation occidentale. » Nos gouvernants pensent que nous n’avons pas d’opinion.

Aujourd’hui, nous sommes dans un carcan où c’est la communauté internationale qui vient voir si nos élections se sont bien passées. Il est temps que nos dirigeants s’assument !

Ce système de démocratie représentative qu’on nous impose ne fonctionne pas chez nous. Les peuples africains doivent se dire qu’il serait temps d’essayer autre chose. La démocratie est universelle, mais, chaque pays et chaque peuple ayant sa spécificité, elle doit s’appuyer sur nos valeurs sociétales et religieuses.

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