Dette cachée : le scandale qui ébranle le Mozambique

C’est une histoire de pots-de-vin faramineux et d’une dette de près de 2 milliards de dollars que Maputo est dans l’incapacité de rembourser. Une histoire de navires français, de banquiers suisses et d’intermédiaires libanais dont la justice a fini par se saisir, mais qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Au premier plan, l’ex-président Armando Guebuza et son homologue français de l’époque, François Hollande, à Cherbourg, en septembre 2013. Au second plan, Iskandar Safa, patron de Privinvest. © WITT/SIPA

Au premier plan, l’ex-président Armando Guebuza et son homologue français de l’époque, François Hollande, à Cherbourg, en septembre 2013. Au second plan, Iskandar Safa, patron de Privinvest. © WITT/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 27 mars 2019 Lecture : 12 minutes.

Armando Guebuza est tout sourire. Costume bleu foncé et cravate rouge, le président mozambicain se tient fièrement sous le plafond du hangar des Constructions mécaniques de Normandie (CMN), à Cherbourg. À ses côtés, François Hollande ne cache pas sa satisfaction. Les deux chefs d’État brandissent à bout de bras deux trophées de tôle découpée dans ce qui servira bientôt à fabriquer les navires commandés par le Mozambique à l’entreprise française de construction navale. Un homme au teint hâlé ne les lâche pas d’une semelle : Iskandar Safa, le patron de Privinvest, société mère des chantiers navals.

Ce milliardaire franco-libanais né à Beyrouth, qui a été proche de l’ancien espion et haut fonctionnaire corse Jean-Charles Marchiani dans les années 1980, fréquente les milieux d’affaires français depuis des décennies. En ce 30 septembre 2013, il savoure sa victoire. Évaluée à plus de 200 millions d’euros, la commande passée aux CMN – 24 bateaux de pêche et six patrouilleurs – permet à Hollande d’annoncer la sauvegarde du chantier naval. « Le contrat du siècle », selon Iskandar Safa. Fignolé depuis plus de deux ans, il cache bien plus qu’aucun des observateurs de Cherbourg ne peut l’imaginer.

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