Dette cachée : le scandale qui ébranle le Mozambique
C’est une histoire de pots-de-vin faramineux et d’une dette de près de 2 milliards de dollars que Maputo est dans l’incapacité de rembourser. Une histoire de navires français, de banquiers suisses et d’intermédiaires libanais dont la justice a fini par se saisir, mais qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Armando Guebuza est tout sourire. Costume bleu foncé et cravate rouge, le président mozambicain se tient fièrement sous le plafond du hangar des Constructions mécaniques de Normandie (CMN), à Cherbourg. À ses côtés, François Hollande ne cache pas sa satisfaction. Les deux chefs d’État brandissent à bout de bras deux trophées de tôle découpée dans ce qui servira bientôt à fabriquer les navires commandés par le Mozambique à l’entreprise française de construction navale. Un homme au teint hâlé ne les lâche pas d’une semelle : Iskandar Safa, le patron de Privinvest, société mère des chantiers navals.
Ce milliardaire franco-libanais né à Beyrouth, qui a été proche de l’ancien espion et haut fonctionnaire corse Jean-Charles Marchiani dans les années 1980, fréquente les milieux d’affaires français depuis des décennies. En ce 30 septembre 2013, il savoure sa victoire. Évaluée à plus de 200 millions d’euros, la commande passée aux CMN – 24 bateaux de pêche et six patrouilleurs – permet à Hollande d’annoncer la sauvegarde du chantier naval. « Le contrat du siècle », selon Iskandar Safa. Fignolé depuis plus de deux ans, il cache bien plus qu’aucun des observateurs de Cherbourg ne peut l’imaginer.
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