Tourisme : le nouvel aéroport d’Alger se fait attendre

Présentée comme la deuxième du continent, la nouvelle aérogare de la capitale pourra accueillir 16 millions de voyageurs par an. De quoi attirer davantage de visiteurs. Mais son inauguration, initialement prévue pour février, a été reportée sine die.

Des passagers du bateau de croisière Viking Sea, en provenance des États-Unis, faisant escale à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Des passagers du bateau de croisière Viking Sea, en provenance des États-Unis, faisant escale à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Publié le 29 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

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Ses courbes modernes et sa façade vitrée attirent déjà tous les regards. Mais il faudra s’armer de patience pour découvrir l’intérieur de la nouvelle aérogare d’Alger, qui s’étend sur plus de 20 hectares, dans le prolongement de l’aéroport international Houari-Boumédiène. Prévue initialement fin février, la cérémonie d’inauguration a été reportée sine die, d’après la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGCIA).

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La crise politique qui secoue le pays et a causé l’annulation de l’élection présidentielle y est certainement pour quelque chose. D’une capacité de 16 millions de voyageurs par an – contre 6 millions pour le site actuel – , le nouvel aéroport international d’Alger est présenté comme le deuxième plus grand du continent, selon le ministère des Travaux publics et des Transports. Il sera desservi par une nouvelle gare ferroviaire, dont les travaux ont été achevés, et par une station de métro, toujours en cours de construction. Cette dernière, confiée à l’entreprise publique Cosider, doit être livrée dans le courant de l’année, selon la même source.

Activités de transit

Ce mégaprojet, qui s’élève à plus de 80 milliards de dinars (588 millions d’euros), se fixe pour objectif « d’accéder aux activités de transit qui constituent actuellement un marché important en matière de transport aérien », indique toujours le ministère. Il pourrait également dynamiser une activité touristique, encore timide. « Toute nouvelle infrastructure est un vecteur essentiel pour le développement du tourisme », estime Karim Cherif, PDG du groupe Eden, l’une des principales sociétés privées d’hôtellerie en Algérie.

En comparaison avec ses voisins maghrébins, l’Algérie, avec ses 10 000 voyageurs étrangers en 2017, reste un nain touristique

Meriem Bisker, gérante du M Suite Hotel, un établissement indépendant qui a ouvert ses portes en octobre 2018 dans le quartier de Dar el-Beida, à proximité de l’aéroport international, est tout aussi confiante. « On s’attend à une augmentation du flux des voyageurs étrangers », espère la directrice de cet hôtel qui cible en priorité les professionnels, algériens et étrangers, en déplacement dans la capitale. « Le tourisme d’affaires peut ouvrir la voie à un tourisme de loisirs. Nous n’avons eu que des retours positifs de nos clients sur leur découverte de l’Algérie. Et lorsqu’un homme d’affaires étranger rentre de son voyage, il parle de l’Algérie à son entourage », assure-t-elle.

En comparaison avec ses voisins maghrébins, la Tunisie et le Maroc, qui reçoivent respectivement 8 millions et 10 millions de touristes étrangers par an, l’Algérie, avec ses 10 000 voyageurs étrangers en 2017, selon le ministère, reste un « nain touristique », estime Rachid Gorri, consultant en marketing et en développement du tourisme. Les chiffres le prouvent : en Algérie, le secteur du tourisme a contribué pour moins de 2 % au PIB en 2017, alors qu’au Maroc et en Tunisie il comptait, la même année, pour plus de 10 % de leurs PIB respectifs, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

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Priorité à la demande interne

Pour Rachid Gorri, la priorité doit être donnée au développement du tourisme national. « Des investissements importants ont été opérés, comme le réseau autoroutier et ce nouvel aéroport international. C’est une bonne chose. Mais il faut désormais stimuler le tourisme domestique en proposant des produits compatibles avec le pouvoir d’achat des Algériens. Sans demande interne, le tourisme de loisirs ne pourra pas décoller en Algérie », conclut-il.

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