Tchad : entre Idriss Déby Itno et les rebelles, une vraie-fausse médiation
Mi-mars, le bruit a couru qu’Idriss Déby Itno avait envoyé une délégation afin de lancer une médiation avec les rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR). Aussitôt, ces derniers ont démenti l’information, à l’instar de Timan Erdimi, leur chef. Mais des contacts moins formels n’en existent pas moins entre les deux camps.
S’il ne s’adresse pas directement à Timan Erdimi, Idriss Déby Itno (IDI) n’a pas abandonné toute idée de médiation avec les rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), qui ont repris le combat face à l’armée tchadienne depuis août 2018. Début février, ces derniers avaient lancé une offensive en direction de la capitale, N’Djamena, avant de se voir stoppés par des frappes de l’aviation française.
Diviser ses adversaires
Depuis, Idriss Déby Itno a activé ses réseaux pour affaiblir encore davantage ses adversaires et, surtout, les diviser. Le président compte notamment sur son conseiller, Djiddi Saleh Kedellaye, qui dirigea l’Agence nationale de sécurité (ANS). Depuis plusieurs années, ce dernier est en effet en contact avec Mahamat Hakimi, qui, sur le terrain, commande une partie des rebelles. Une relation qu’IDI espère mettre à profit.
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Toutefois, ni Mahamat Egrey Hally, le président du CCMSR, ni Timan Erdimi, tous deux en exil au Qatar, ne semblent s’en inquiéter. Le neveu de Déby Itno, qui n’a pas de contact direct avec Hakimi, estime que la tentative du président tchadien n’est pas nouvelle et qu’il a opéré de la même façon avec des précédentes rébellions. Erdimi suit en revanche de plus près les échanges diplomatiques où il est question de sa personne.
Un contact au sein du ministère qatari des Affaires étrangères lui avait appris la visite à Doha, le 11 février, de Jean-Yves Le Drian, réputé proche de Déby Itno. Le ministre français des Affaires étrangères avait alors évoqué le cas du chef rebelle avec Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, son homologue qatari. Le Tchadien affirme ne pas faire, « pour le moment », l’objet de pressions, que ce soit en vue d’une éventuelle extradition ou d’un durcissement de ses conditions d’exil.
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