Maroc : « Les bonus des politiques sont l’un des secrets les mieux gardés du royaume »
Salaire confortable, indemnités en tout genre, avantages en nature… Élus, ministres et hauts fonctionnaires bénéficient de revenus et de privilèges substantiels. Souvent en toute opacité. Enquête.
Jeune, engagé… et calculateur. L’échange a lieu à la veille des législatives de 2016. « Avec un salaire mensuel de 36 000 dirhams [3 400 euros], sur cinq ans, je peux récupérer plus de 2 millions de dirhams [184 000 euros] en un mandat », nous confiait à l’époque un communicant de carrière, aspirant candidat à la députation. « Et il suffit de deux ou trois jolis coups durant cette période pour rentrer dans mes frais, voire gagner beaucoup plus que ma mise de départ. » La mise de départ ? « Trois millions de dirhams [276 000 euros] exigés par mon parti pour figurer en tête de la liste nationale des jeunes. L’élection est alors systématique. » Le business plan, tout tracé, aura buté sur un écueil : le manque de moyens.
C’est finalement le fils d’un notable de la formation politique – aujourd’hui représentée au gouvernement – et l’un de ses principaux sponsors qui rassembleront la somme. « Pour lui, pas besoin de se faire de l’argent. Il est là pour veiller aux intérêts de papa, qui roule déjà sur l’or », se désole notre source, au franc-parler désespérant, mais si révélateur de l’état d’esprit d’une partie de la classe politique marocaine : le mandat d’élu y est perçu non pas comme une mission au service des citoyens, mais plutôt comme un outil d’enrichissement.
Bien s’informer, mieux décider
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