L’appel de Rabat sur le statut de Jérusalem, temps fort de la visite du pape François au Maroc

La visite du pape François a braqué les projecteurs du monde sur le royaume pendant quarante-huit heures. Temps fort : la signature d’un document sur Jérusalem.

Le souverain pontife avec le roi Mohammed VI, le 30 mars, à Rabat. © MAP

Le souverain pontife avec le roi Mohammed VI, le 30 mars, à Rabat. © MAP

CRETOIS Jules

Publié le 8 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Rien dans le dossier de presse de la visite ne laissait penser que le sujet s’inviterait au menu du voyage papal au Maroc, les 30 et 31 mars. Car, durant ces deux jours à forte charge symbolique, le roi Mohammed VI n’a pas seulement endossé son rôle d’Amir Al Mouminine (« commandeur des croyants »), mais aussi, comme l’a présenté l’agence de presse officielle, la MAP, celui de président du Comité Al Qods (« Jérusalem », en arabe), que le Maroc ­préside depuis sa ­création par l’ex-Organisation de la ­conférence islamique (OCI), en 1979.

Dès le 30 mars, après leur tête-à-tête, les deux chefs d’État convoquent la presse dans la salle du trône. Et font savoir qu’ils vont cosigner un « appel sur Jérusalem, Ville sainte et lieu de rencontre ». Un religieux catholique en poste au Maroc concède en off : « J’en ai entendu parler à peu près trois mois avant le déplacement. Le Palais souhaitait une parole symbolique au sujet de Jérusalem. Et du côté du Vatican, il y a une volonté d’être présent sur le dossier. »

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« Ce n’est pas une déclaration politique sur le statut de Jérusalem, mais un appel au respect de la liberté de culte pour tous les croyants », précise le père Daniel Nourissat, curé qui a piloté une partie de la communication autour de la visite. En mai 2018, pendant le ramadan, l’esplanade des Mosquées, interdite d’accès aux Gazaouis, avait été le théâtre de vives tensions entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes.

L’appel n’est pas passé inaperçu et a été relayé à l’envi par la presse arabe – comme le quotidien Al-Araby Al-Jadeed, implanté à Londres – et palestinienne, ainsi que par les médias arabophones marocains. Depuis Tunis, où il assistait au sommet de la Ligue arabe, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a salué, le 31 mars, « les contacts et les efforts que déploie […] le président du Comité… »

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Une réponse à Trump ?

À Rabat, une question trottait dans toutes les têtes : le texte est-il une réponse à la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017 ? Officiellement, non. Mais on connaît la position des deux chefs d’État : le roi du Maroc avait marqué sa désapprobation après la décision américaine, et François avait déclaré de son côté « ne pouvoir taire [sa] profonde inquiétude ».

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Les médias israéliens ont également relayé le très œcuménique appel. François avait déjà fâché Tel-Aviv entre 2015 et 2016 en entérinant la reconnaissance de l’État palestinien par le Vatican. Le ministre israélien des Affaires étrangères de l’époque avait « regretté » ce geste. Ce n’est pas non plus la première fois que Rabat plaide la cause de Jérusalem auprès du Saint-Siège.

En 1980, lors de son voyage à Rome, Hassan II était déjà présenté comme président du Comité Al Qods. « Et au Vatican, l’ambassadeur marocain, qui suit les relations bilatérales, porte aussi un peu la voix du monde arabo-musulman », expliquait, en février, Abdelouahab Maâlmi, ambassadeur au Vatican entre 1997 et 2002.

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La version italienne de « l’appel du « à mars » sur Jerusalem-Al Qods lancé par les deux chefs religieux depuis Rabat.

La version italienne de « l’appel du « à mars » sur Jerusalem-Al Qods lancé par les deux chefs religieux depuis Rabat.

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