Finance : les ambitions régionales du burkinabè Fidelis
Le spécialiste du crédit-bail Fidélis entend tirer profit de son implantation réussie en Côte d’Ivoire en partant à la conquête de nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest.
Conforté par son assise nationale avec près de 70 % de part de marché, le spécialiste burkinabè du crédit et du leasing Fidelis Finance, dirigé par le banquier Kouafilann Abdoulaye Sory se projette hors de ses frontières. Comme Coris Bank (de l’homme d’affaires Idrissa Nassa), la société, fondée en 1998 et contrôlée par le fonds AfriCapital Partners, mise en priorité sur le marché ivoirien du crédit-bail estimé à plus de 400 milliards de F CFA (610 millions d’euros environ).
Fidelis Finance Côte d’Ivoire, qui y a discrètement démarré ses activités il y a deux ans, entend mobiliser 50 milliards de F CFA pour financer 350 projets des PME d’ici à 2021. « Nous avons voulu conquérir d’abord des parts de marché, faire parler de nous à travers notre clientèle avant de procéder au lancement officiel début mars », confie à Jeune Afrique Sory.
Nouvelles perspectives
En Côte d’Ivoire, Fidelis fait face à Alios Finance, qui domine le marché, mais aussi à l’appétit grandissant des banques depuis 2016, date à laquelle l’activité du crédit-bail a été encadrée. L’IFC, filiale de la Banque mondiale, s’est engagée à apporter son expertise aux acteurs du secteur, y compris les institutions de microfinance, pour aider au développement de ce produit financier encore peu exploité, explique un conseiller gouvernemental ivoirien.
Convaincu par cette implantation réussie, le dirigeant burkinabè entrevoit de nouvelles perspectives. « Sans être présents, nous avons des clients qui ont des prolongements de leurs activités dans certains pays, comme le Mali, le Bénin ou encore le Togo. Grâce à ces clients, nous avons des investissements dans ces pays. Il n’est pas à exclure que nous examinions l’opportunité de nous y installer », explique-t-il.
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La BAD, la BOAD et la BDIC, principaux bailleurs
Depuis sa création, Fidelis revendique la mobilisation de plus de 100 milliards de F CFA au profit de 2 350 projets d’investissement, principalement au Burkina Faso. L’entreprise propose ses solutions de financement aux entreprises des secteurs du BTP, de l’agroalimentaire, des transports, de l’hôtellerie… Elle travaille, par exemple, avec le burkinabè Cotradis, qui assure en Côte d’Ivoire le transport pour la Compagnie minière du Bafing.
Pour se financer, la société s’est en priorité adressée à des bailleurs comme la BAD, la BIDC, la BOAD, mais l’augmentation de ses besoins l’a aussi poussé à se tourner vers des investisseurs internationaux comme ResponsAbility, Symbiotics et Incofin, dont les taux sont plus élevés (entre 5 % et 9 %).
AfriCapital comme actionnaire de référence
Son développement régional l’a aussi poussé à réaliser une augmentation de capital de 31 %, pour porter celui-ci à 6 milliards de F CFA. Si cette opération a vu l’entrée de nouveaux actionnaires minoritaires (ivoiriens et maliens) au tour de table de la société, plus de 80 % des parts restent contrôlées par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque de développement et d’investissement de la Cedeao (BIDC), le Fonds burkinabè de développement économique et social, le Fonds de solidarité africaine, qui contrôlent chacun 15 % du capital, et AfriCapital Partners (22 %). Autant d’actionnaires entrés au tour de table en 2013 à l’occasion d’une précédente augmentation de capital.
Maintenant une croissance très forte de ses activités (+45 % en volume en 2017 et +50 % en 2018), l’entreprise se félicite d’avoir une rentabilité conforme à son plan stratégique baptisé Elan-2021. En 2018, ses dirigeants visaient un retour sur capitaux propres annuel de 12 % sur la période 2016-2020.
Grâce à la Côte d’Ivoire, son total bilan l’an dernier a bondi de plus 60 % pour s’établir à 50 milliards de F CFA. Pour autant, Fidelis Finance semble avoir su éviter une dégradation de la qualité de ses créances. En 2017, 96 % de son portefeuille était jugé sans risque, un ratio en constante augmentation depuis 2011.
62 %
C’est le Coefficient d’exploitation 2018 (part des gains réalisés qui est absorbée par les coûts fixes). Plus ce taux est faible, plus l’établissement financier est rentable. Il était de 65 % en 2017 et de 71 % en 2016.
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