Télécoms : GVA secoue le marché de l’internet fixe à très haut débit

Forte de ses succès à Lomé et à Libreville, la filiale de Vivendi se lance à Pointe-Noire. En réaction, ses concurrents développent leurs offres et baissent leurs prix.

Installation de fibre optique aérienne en 2017 au Gabon. Photo © YvanGabonPictures/Vivendi/GVA

Installation de fibre optique aérienne en 2017 au Gabon. Photo © YvanGabonPictures/Vivendi/GVA

Julien_Clemencot

Publié le 18 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

Le Congo grignote son retard dans le domaine du numérique. Après l’octroi d’une licence 4G à Airtel en décembre dernier, deux ans après celle accordée à MTN, le ministre des télécoms, Léon Juste Ibombo, inaugure ce 18 avril le lancement des services de Group Vivendi Africa (GVA) à Pointe-Noire, poumon économique du pays.

Comme au Gabon et au Togo, GVA proposera, par le biais d’une box directement reliée à la fibre optique, des accès internet très haut débit et la possibilité de recevoir les chaînes des bouquets du groupe Canal+. « Le gouvernement se félicite de l’arrivée de ce nouvel acteur. Nous l’avons d’ailleurs facilitée en établissant le contact avec la Société nationale d’électricité dont GVA va utiliser les poteaux pour poser sa fibre », indique Léon Juste Ibombo.

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Reproduire en Afrique le succès de Global Village Telecom au Brésil

L’enveloppe d’investissement pour couvrir la ville au cours des cinq prochaines années est évaluée à 10 millions d’euros. Elle comprend l’acquisition des infrastructures et d’un portefeuille de quelques milliers de clients – principalement des grands comptes – du fournisseur Yattoo, propriété de la société Ofis.

« Nous sommes prioritairement intéressés par les classes moyennes. Nous visons un marché de masse », précise cependant Marco de Assis, directeur général de GVA. Ce Brésilien ambitionne de reproduire sur le continent le succès de Global Village Telecom (GVT, ex-filiale de Vivendi), dont il a été directeur des opérations, au Brésil.

Pour l’heure, les connexions à la fibre optique sont encore rares au sud du Sahara, en dehors de quelques grandes agglomérations. À l’est, le kényan Wananchi et Liquid Telecom, filiale du zimbabwéen Econet, figurent parmi les pionniers. MTN a lancé des tests à Accra. Orange fait de même à Dakar et à Abidjan, anticipant dans cette dernière l’arrivée de GVA.

>>> À LIRE – Pourquoi l’Afrique n’a pas la fibre numérique

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Grâce aux câbles sous-marins qui raccordent les côtes africaines au reste du monde, le prix des connexions pour les particuliers par le biais de la fibre (FTTH) devient plus accessible, en commençant autour de 50 euros. « Mais il faut pour cela de bonnes infrastructures terrestres, et ce n’est par exemple pas encore le cas à Brazzaville. C’est pour cela que GVA n’envisage pas d’y étendre ses services », précise une source proche du dossier.

à Libreville, dix-huit mois après le démarrage des activités de GVA, le gouvernement gabonais dresse un bilan positif de l’entrée de cet acteur sur le marché. « Cela a permis de faire baisser de plus de 30 % le prix des abonnements FTTH auparavant monopole de Gabon Telecom », estime une source au sein du ministère de l’économie numérique. Aujourd’hui, GVA propose un débit de 10 mégabits par seconde (Mb) pour 25 000 F cfa par mois et veut étendre son réseau à Port-Gentil. Au Togo, son tarif est de 30 000 F cfa pour un débit de 30 Mb.

Installation de fibre optique aérienne en 2017 au Gabon. Photo ©YvanGabonPictures/Vivendi/GVA © YvanGabonPictures/Vivendi/GVA

Installation de fibre optique aérienne en 2017 au Gabon. Photo ©YvanGabonPictures/Vivendi/GVA © YvanGabonPictures/Vivendi/GVA

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Interrogés, les dirigeants de la société refusent de dévoiler le nombre de leurs clients. Ils seraient au total plus d’une dizaine de milliers pour un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros. « Les déploiements en cours doivent permettre à GVA de connecter, sur l’ensemble de ses marchés, entre 150 000 et 200 000 ménages d’ici à la fin de 2019, contre environ 100 000 actuellement », indique Marco de Assis.

Pour nous lancer, il faut une ville d’un million d’habitants, de la capacité internet bon marché, une société prête à louer ses poteaux et un cadre réglementaire protégeant les investissements », résume Pierre Roy-Contancin

Bujumbura, Ouagadougou, Abidjan, Kinshasa et Kigali sont dans son viseur avec à chaque fois un retour sur investissement planifié sur dix ans. « Nous prospectons partout. Pour nous lancer, il faut une ville d’un million d’habitants, de la capacité internet bon marché, une société prête à louer ses poteaux et un cadre réglementaire protégeant les investissements », résume Pierre Roy-Contancin, chargé du développement de GVA.

Lui et Marco de Assis, auparavant cantonnés par Vivendi aux pays francophones, pour y rechercher des synergies avec les abonnés de Canal+, ont désormais carte blanche.

Le Bénin ne répond plus

Marco Aurelio de Assis, CEO chez GVA Afrique (Vivendi) © DR/Linkedin

Marco Aurelio de Assis, CEO chez GVA Afrique (Vivendi) © DR/Linkedin

Marco de Assis garde un œil sur le dossier béninois. Mi-août 2016, la construction de son réseau a été stoppée par les autorités, qui exigeaient un partage de l’infrastructure avec leurs concurrents. GVA, qui dit avoir installé 45 km de fibre, aurait perdu 3 millions d’euros dans cette mésaventure. Son patron n’entend pas en rester là et s’est tourné vers la Banque mondiale pour une médiation.

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