Transition post-Bouteflika : Ahmed Gaïd Salah et l’armée, maîtres du jeu ou hors jeu ?
Après le départ d’Abdelaziz Bouteflika, l’armée tient la réalité du pouvoir et compte jouer un rôle central d’ici à l’élection présidentielle du 4 juillet. Mais la rue pourrait ne pas l’entendre de cette oreille.
Ahmed Gaïd Salah a senti passer le vent du boulet à deux reprises. La première fois à l’hiver 2014, quand Abdelaziz Bouteflika s’épanche auprès d’un visiteur sur son loyal vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée : « Il est en campagne, mais lui aussi partira, son heure viendra. »
La seconde fois par la voix d’Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, envoyé par l’ex-chef de l’État pour rassurer Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, qui pestait contre la loi de 2016 obligeant les officiers à la retraite à un devoir de réserve sous peine de poursuites. « Pour la loi, ne vous en faites pas, glisse Sellal. Pour Gaïd non plus, c’est une question de temps. »
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Quelle ne fut la surprise de l’entourage de Saïd Bouteflika lorsqu’il entendit quelques mois plus tard le frère et conseiller de l’ex-président appeler le chef d’état-major « Âami Salah » [« oncle Salah »]. « Il est avec nous », assurait à l’époque Saïd.
« En confiant le marché des hôpitaux militaires à ses amis, les Kouninef, Gaïd l’a berné à deux reprises. Cela lui a permis de gagner du temps », accuse notre source. « Le décret de limogeage du chef d’état-major était prêt samedi 30 mars. Saïd Bouteflika en avait résumé la teneur à un proche », confie de son côté un habitué du sérail, confirmant que les relations entre les deux hommes s’étaient dégradées après le 22 février, au fur et à mesure que la colère de la rue prenait de l’ampleur.
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