Style : KikoRomeo promeut une mode responsable
KikoRomeo est une marque kényane dite éthique qui promeut les échanges est-ouest sur le continent.
« Créer des vêtements artistiques pour ceux qui font ou apprécient l’art. » C’est l’un des leitmotivs de KikoRomeo, marque kényane de slow fashion – soit éthique, responsable, écologique et durable – fondée en 1996 par l’Écossaise Ann McCreath à Nairobi. « Quand je me suis lancée dans cette aventure, l’idée n’était pas de faire dans l’humanitaire mais plutôt de stimuler le commerce local », avance la créatrice de 56 ans, qui travaille désormais avec sa fille, Iona, 22 ans. KikoRomeo fait appel à des artisans locaux, massaïs ou turkanas, et à des coopératives de femmes à Nairobi.
Nous avons des accords avec des usines kényanes quand on doit confectionner des uniformes pour des hôtels ou des lodges du pays
« Nous travaillons aussi avec de petites entreprises privées spécialisées dans le tissage. » L’atelier est situé dans le quartier de Kilimani, dans la capitale kényane, et emploie cinq personnes. « Nous avons des accords avec des usines kényanes quand on doit confectionner des uniformes pour des hôtels ou des lodges du pays. »
Tartan écossais
Le 23 novembre dernier, Ann McCreath présentait, au Maroc, sa dernière collection hommes, inspirée par les tenues massaïs, dans le cadre du Festival international de la mode en Afrique (Fima). « J’adore dessiner pour les hommes et, avec ces pièces, je voulais créer quelque chose de représentatif de la société kényane. »
Ma fille et moi nous intéressons de plus en plus aux échanges entre l’est et l’ouest de l’Afrique. Raison pour laquelle j’utilise également de l’indigo dégoté au Nigeria
Aussi, la plupart des pièces sont en shuka massaï – un tissu qui a de quoi faire penser au tartan écossais. « Les couleurs du tissu massaï sont bien plus vives que celles utilisées en Écosse. Et puis j’aime beaucoup les mélanges. Ma fille et moi nous intéressons de plus en plus aux échanges entre l’est et l’ouest de l’Afrique. Raison pour laquelle j’utilise également de l’indigo dégoté au Nigeria », sourit Ann McCreath, qui aime voir en ses vêtements des œuvres d’art amusantes et colorées. Sa clientèle : des Africains pour la plupart. « Nairobi est une ville très cosmopolite », précise celle qui voudrait habiller toute l’Afrique. Chinois et Japonais font aussi partie de sa clientèle, tout comme la star Lupita Nyong’o, le musicien kényan Blinky Bill ainsi que les artistes nigérians 2Baba et Mr Eazy.
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Ses capes en laine avoisinent les 600 dollars, quand une simple chemise est vendue entre 85 et 200 dollars. « Mes pièces les plus chères sont les capes en soie, qui sont à 900 dollars environ. Et je n’ai jamais compris pourquoi on considère que la mode africaine devrait être moins chère », explique-t-elle avant d’indiquer qu’elle ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires.
Si fabriquer en Afrique n’est pas facile, la question de l’éthique y est, selon moi, naturelle. Il n’est pas utile de le souligner
Pour celle qui a étudié la mode à Rome, l’éthique revient à respecter les artisans, leur culture, l’environnement, mais aussi à acheter les tissus au prix juste. « En Occident, c’est devenu un terme marketing. Et ce surtout pour les marques de fast fashion. Si fabriquer en Afrique n’est pas facile, la question de l’éthique y est, selon moi, naturelle. Il n’est pas utile de le souligner. » D’ailleurs, les marques africaines à se prévaloir du label « écoresponsable » sont de plus en plus nombreuses…
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