Corruption et blanchiment : les dessous du combat entre Santullo et le Gabon en Suisse

Avant la plainte de l’État du Gabon, déposée le 7 février 2018 en Suisse contre Guido Santullo pour corruption d’agents publics étrangers et blanchiment d’argent, l’homme d’affaires italien, décédé le 27 août de la même année, faisait déjà l’objet de soupçons de la part de la justice helvète.

Le patron 
du groupe 
de BTP Sericom est décédé le 27 août 2018. © MARCO D’ANTONIO POUR JA

Le patron du groupe de BTP Sericom est décédé le 27 août 2018. © MARCO D’ANTONIO POUR JA

Publié le 23 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Le ministère public du canton de Genève « instruit depuis le 19 juillet 2017 […] une affaire suite à un signalement du MROS [Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent] […] dirigé contre feu A. [dénomination qui désigne Santullo] et ses sociétés », relate le juge Giorgio Bomio-Giovanascini, du Tribunal pénal fédéral (TPF), dans une décision rendue ce 2 avril que JA a consultée.

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Implication de personnalités de haut niveau

Selon nos informations, le MROS a en effet reçu, à partir de 2017, au moins quatre signalements émanant d’institutions financières suisses. C’est sur cette base que le ministère public a mobilisé ses enquêteurs et a mis sous séquestre « plusieurs relations bancaires à Genève, Lugano et Zurich » appartenant à Guido Santullo ou à sa femme, Karen.

Ces comptes sont toujours gelés, et les investigations se poursuivent en Suisse. « Le cas n’est pas simple, explique encore le TPF, vu le nombre de sociétés et de personnes impliquées au Gabon, parmi lesquelles figurent des hommes politiques de haut niveau. »

La défense du Gabon espère que ces pièces pourront y faire basculer la décision en sa faveur

Dans la même décision du 2 avril, le TPF a surtout rejeté les recours des héritiers de Guido Santullo contre l’État du Gabon. Ce dernier est désormais autorisé à obtenir une copie des procédures de la justice suisse et est libre de consulter les pièces, y compris bancaires, réunies par les enquêteurs helvètes.

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Si Libreville, représenté par les avocats Marc Bonnant et Karim Ramadan, s’est engagé à ne pas les utiliser devant la justice gabonaise, il peut en revanche le faire ailleurs, par exemple à Paris, dans la procédure d’arbitrage qui l’oppose au groupement Santullo devant la Chambre de commerce internationale.

La défense du Gabon espère que ces pièces pourront y faire basculer la décision en sa faveur. D’autant que le président de la cour d’arbitrage, le professeur Sébastien Besson, officie entre autres à l’université de Neuchâtel… en Suisse.

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