Burkina Faso : les raisons de la chute de la production cotonnière

Affectée par les aléas de la météo et par un certain manque d’organisation, la filière cherche un nouveau souffle.

Un producteur de coton, au Burkina Faso © Théo Renaut pour J.A.

Un producteur de coton, au Burkina Faso © Théo Renaut pour J.A.

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Publié le 9 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

Roch Marc Christian Kaboré. © Vincent Fournier pour JA
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Sommaire

Longtemps premier producteur africain de coton, le Burkina occupe désormais le troisième rang, derrière le Mali et le Bénin, qui ont chacun récolté plus de 700 000 tonnes en 2018-2019. Sa production est en baisse pour la troisième campagne consécutive : annoncée à 800 000 t, elle s’établit à 436 000 t, en chute de 30%,pour 2018-2019.

« Les attaques terroristes dans l’Est ont eu un impact. Beaucoup de producteurs, fuyant l’insécurité, ont abandonné le traitement des champs. Une situation aggravée par l’arrêt brutal des pluies », confie Yacouba Koura, vice-président de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB).

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Boycott de contonculteurs

Une sérieuse baisse par rapport aux campagnes 2017-2018 (611 759 t) et 2016-2017 (682 940 t) – selon les données du Programme régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA) –, mais plus que la moyenne annuelle de 384 400 t réalisée entre 2007 et 2011.

Cette baisse s’explique essentiellement par les attaques parasitaires qu’ont subies les cotonniers et par la mauvaise qualité des intrants, notamment des engrais

L’insécurité et les caprices de la météo ne sont pas les seuls en cause dans les difficultés de la filière coton, qui, deuxième produit d’exportation après l’or, contribue encore à 4 % du PIB. François Traoré, ancien président de l’UNPCB, pointe du doigt des choix techniques inappropriés, la mauvaise qualité des intrants et le manque d’organisation de la filière.

« Depuis que je produis le coton, les rendements à l’hectare n’ont jamais été aussi bas. Selon moi, cette baisse s’explique essentiellement par les attaques parasitaires qu’ont subies les cotonniers et par la mauvaise qualité des intrants, notamment des engrais », lance l’exploitant, qui récolte en moyenne ­100 t/an de coton-graine.

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La baisse des récoltes est aussi due, en partie, au boycott des cotonculteurs. Échaudés par les pertes de revenus enregistrées lors de la précédente campagne, nombre d’entre eux se sont endettés et ont décidé de ne pas miser sur le coton en 2018-2019.

Impayés

Résultat : plus de 200 000 hectares n’ont pas été ensemencés. « Nous allons réaliser un recensement pour évaluer le montant des impayés sur les deux dernières campagnes. Pour celle de 2017-2018, il se chiffre à plus de 11 milliards de F CFA [près de 16,8 millions d’euros] », confie un cadre de l’UNPCB. Selon les informations recueillies par JA, le cumul des impayés pourrait désormais dépasser 20 milliards de F CFA.

Une usine de coton, à Bobo Dioulasso. © Théo Renault/pour J.A.

Une usine de coton, à Bobo Dioulasso. © Théo Renault/pour J.A.

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« Pour relancer la filière, il faut apurer les impayés, préconise Yacouba Koura. Ces impayés ont découragé les producteurs, qui ont été nombreux à jeter l’éponge et à se tourner vers d’autres cultures. Et ils ne les incitent pas à se lancer à nouveau dans la culture du coton. Des négociations sont en cours entre l’État, les sociétés cotonnières et les producteurs. »

Afin de remotiver les cotonculteurs, pour la campagne 2018-2019, qui s’achève, le gouvernement avait déjà relevé le prix d’achat du kilo de coton-graine de 245 F CFA à 250 F CFA pour le « premier choix » (contre 255 F CFA au Mali et 265 F CFA au Bénin et en Côte d’Ivoire). Il vient d’annoncer que ce prix d’achat aux producteurs sera encore augmenté, à 265 F CFA le kilo, pour la campagne 2019-2020.

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