Or : croissance record pour les exploitations burkinabè

Grâce à l’exploitation de douze sites industriels, la filière aurifère du Burkina Faso a vu sa production croître de plus de 15 % entre 2017 et 2018. Et devrait faire encore mieux cette année.

Le site d’Essakane (Nord-Est), exploité par le canadien Iamgold, est le plus important du pays (11,5 t en 2018). © Iamgold

Le site d’Essakane (Nord-Est), exploité par le canadien Iamgold, est le plus important du pays (11,5 t en 2018). © Iamgold

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Publié le 7 mai 2019 Lecture : 4 minutes.

Roch Marc Christian Kaboré. © Vincent Fournier pour JA
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Inférieure à 1 tonne par an au début des années 2000, la production d’or du pays ne cesse de croître : de 35 t en 2015, elle est passée à 38,5 t en 2016, 45,6 tonnes en 2017 et 52,66 t en 2018 (sans compter la production artisanale, qui s’élèverait, selon les autorités, à environ 10 t), avec douze mines industrielles en exploitation.

Cette hausse de 15,4 % de la production en un an s’explique notamment par le début d’exploitation du site de la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo) à Boungou (dans l’Est). Avec près de 11,5 t d’or produites en 2018, le gisement le plus important du pays reste celui du canadien Iamgold, à Essakane (Nord-Est), entré en phase d’exploitation commerciale à la mi-2010.

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Quatrième producteur d’or du continent, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali (mise à jour : en 2018, le Ghana devenu le 1er producteur du continent, avec 158 tonnes), le Burkina est l’un des pays où les activités minières sont aujourd’hui les plus dynamiques. De nouveaux sites doivent entrer en phase de production d’ici à la fin de 2019 : celui de Wahgnion, à Niankorodougou (Sud-Ouest), dont les réserves estimées sont de 1,2 million d’onces (plus de 37 t), développé par le canadien Teranga Gold, ainsi que celui de son compatriote Orezone, à Bomboré, sur la commune de Mogtédo (Centre), dont les réserves sont également estimées à plus de 1 million d’onces (plus de 28 t), pour une durée de vie de treize ans, avec une production de 2,7 t/an pendant les sept premières années.

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À la fin de février, l’État a par ailleurs accordé des permis d’exploitation pour trois concessions aurifères : Mogtédo (production totale attendue de 39,6 t sur une durée de vie de dix ans), à la junior Orezone Bomboré ; Batié, dans le Sud-Ouest (28,6 t d’or sur une durée de vie de sept ans), à la société Konkera ; et Gogo, dans la région Centre-Sud (76,46 t sur une durée de vie de quatorze ans), à Kiaka SA. Le ministère des Mines estime que ces trois nouveaux permis d’exploitation devraient drainer au total 609 milliards de F CFA (928 millions d’euros) d’investissements.

Encadrer le secteur artisanal

En 2018, le secteur minier a représenté 10,6 % du PIB (contre 11,4 % en 2017) et 71 % des recettes d’exportation du pays, soit 1 308 milliards de F CFA. Pour l’heure, l’unique autre production minière du pays est le zinc, issu de la mine de Perkoa (Centre-Ouest), exploitée depuis 2013 et désormais gérée par le canadien Trevali, qui produit environ 160 000 t/an.

Notre ambition est d’explorer notre sous-sol pour voir s’il regorge de substances stratégiques comme le gaz, le pétrole

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Pour diversifier le secteur, le ministère des Mines a entrepris des recherches pour tenter de découvrir de nouvelles ressources. « Nous avons complété les relevés géophysiques sur le quart sud-est du pays, soit une surface d’environ 72 000 km2. S’ils sont encore en phase d’interprétation, les résultats provisoires sont probants et montrent que c’est une zone à grand potentiel, explique le ministre, Oumarou Idani. Notre ambition est d’explorer notre sous-sol pour voir s’il regorge de substances stratégiques comme le gaz, le pétrole. Cette recherche va nous permettre d’atteindre l’objectif de diversification de la production. »

Afin de mieux encadrer le secteur artisanal, un guichet unique va être créé pour organiser, sur chaque site, l’orpaillage en zones d’extraction, de traitement de minerai et d’habitation. « Cela va nous permettre de contrôler l’activité et d’aider les acteurs dotés d’une carte d’artisan minier à évoluer vers la semi-mécanisation, voire vers la création de petites mines », précise Oumarou Idani.

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La sécurité des sites miniers, un chantier prioritaire de l’exécutif burkinabè

Les autorités burkinabè travaillent en outre à la modernisation du cadastre minier, notamment pour offrir la possibilité de remplir les formalités en ligne. « Il faut poursuivre la politique d’attractivité des investisseurs étrangers pour favoriser le potentiel géologique prometteur du pays », souligne Tidiane Barry, le président de la Chambre des mines.

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« Il est important que la dynamique se maintienne, d’autant que nous constatons une certaine fragilité liée à la situation sécuritaire, poursuit-il. L’exploration devient difficile, et les budgets ont été réduits, voire gelés. » Le problème de la vulnérabilité des sites miniers, dont certains ont été marqués ces derniers mois par des attaques meurtrières et des enlèvements d’agents, figure parmi les dossiers prioritaires de l’exécutif burkinabè.

Tambao relancé

Déboutées de toute prétention à dommages et intérêts par la décision, rendue fin février, de la chambre arbitrale du tribunal de commerce international de Paris, les sociétés du milliardaire australo-roumain Frank Timis ont perdu toute chance de développer le projet intégré de manganèse de Tambao (est du pays), dans le différend qui les opposait depuis 2015 à l’État burkinabè.

Lequel s’active désormais afin de réattribuer le permis minier de Tambao, dont les réserves sont estimées à 55 millions de tonnes, à un nouvel investisseur. Le français Eramet et plusieurs sociétés chinoises sont d’ores et déjà en lice pour la reprise du projet.

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