Déchets : bras de fer entre Averda et la mairie de Libreville
Constatant l’insalubrité chronique qui sévit à Libreville, Léandre Nzué, le nouveau maire de la capitale gabonaise, a préconisé la résiliation du contrat d’Averda, l’entreprise libanaise chargée de la collecte des déchets.
Élu en février maire de Libreville, Léandre Nzué a fait du manque de propreté de la capitale gabonaise l’un de ses chevaux de bataille. La ville souffre en effet depuis plusieurs années d’insalubrité chronique. Chargée de la collecte des déchets depuis 2015, l’entreprise d’origine libanaise Averda, implantée à Dubaï et dirigée par Malek Sukkar, subit les foudres du nouvel édile.
>>> À LIRE – Gabon : Rose Christiane Ossouka Raponda a-t-elle laissé la mairie de Libreville endettée ?
Nzué (qui n’a pas donné suite à nos sollicitations) a ainsi préconisé de « résilier » le contrat de près de 8 millions d’euros par an qui court jusqu’en décembre 2019 au motif qu’Averda « ne remplit pas son cahier des charges ». Déjà, en 2014, le Premier ministre Ndong Sima, jugeant le prix trop élevé, s’était opposé sa signature. Ce qui lui aurait coûté son poste.
La menace de Nzué a cette fois tout du coup de menton : le contrat a été signé avec l’État, non avec la commune. Pour expliquer ses manquements, l’entreprise (qui n’a pas souhaité nous répondre) invoque des impayés supérieurs à 15 millions d’euros, la contraignant au chômage technique. Du Maroc, en 2012, au Congo, à l’Afrique du Sud et au Gabon, en 2015, en passant par l’Angola, en 2014, Averda s’est rapidement développé ces dernières années. Sa dernière victoire est intervenue au Maroc, où la compagnie a remporté en 2018 la gestion pour vingt ans de la future décharge de Tanger pour 86 millions d’euros.
« Mauvaise publicité » en matière de délégation de service public
Au Gabon, Malek Sukkar avait pris soin d’intégrer un management local. Joseph Minko Olenga, DG adjoint d’Averda Gabon, est ainsi membre du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG). Une précaution qui n’a pas suffi à empêcher le maire, membre du même bureau, d’en faire sa cible privilégiée.
Une affaire dont Averda se serait bien passé à l’heure où la société cherche, selon nos informations, un partenaire « de taille mondiale » pour « soutenir son développement ». Les français Suez et Veolia et l’espagnol Urbaser ont notamment été approchés. Du côté gabonais non plus l’affaire ne devrait pas faire sourire : après l’éviction très médiatique de Veolia de la Société d’énergie et d’eau du Gabon, le pays accumule une mauvaise publicité en matière de délégation de service public.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles