Menace jihadiste : le Niger mise sur le renseignement de terrain

Relativement épargné, le Niger n’est cependant pas à l’abri de la menace jihadiste, comme le prouvent les récentes attaques dans la région de Tillabéri.

Des soldats nigériens lors d’un exercice de libération d’otages, en mars 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des soldats nigériens lors d’un exercice de libération d’otages, en mars 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 20 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

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Le 15 mai, au moins 28 soldats nigériens ont trouvé la mort dans une embuscade revendiquée par l’État islamique dans le grand Sahara, au sein de la région de Tillabéri. Là même où avait eu lieu, en octobre 2017, une attaque ayant coûté la vie à cinq militaires nigériens et à quatre soldats américains. Comme dans la zone du lac Tchad, le Niger reste donc vulnérable en ce qui concerne ses frontières, où les groupes jihadistes jouent des possibilités de repli au Mali ou au Nigeria.

Réseau de renseignement

Le pays, qui consacre 20 % de son budget à ses dépenses militaires, reste toutefois relativement épargné. Et c’est en grande partie grâce à son système – hybride – de renseignement. Depuis plus de deux décennies, Niamey, qui dispose d’un service central de lutte contre le terrorisme rattaché au ministère de l’Intérieur, a développé un maillage qui s’est mué, surtout depuis 2012, en réseau de renseignement.

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Dans sa volonté d’intégrer des représentants touaregs à l’appareil d’État, le pouvoir a aussi favorisé la cooptation, via le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), d’ex-rebelles, parfois liés à des commerces plus ou moins légaux.

Jusqu’à son décès en 2016, Chérif Abidine faisait figure de principal baron local, en sa qualité de financier du PNDS. Aujourd’hui, ce sont Rhissa Ag Boula et Amoumoune Kalakouwa, conseillers respectivement à la présidence et à la primature, originaires de la région d’Agadez, qui comptent.

En contrepartie, Niamey ferme les yeux sur des pans de l’économie transfrontalière

Niamey dispose ainsi de relais, via les notables de l’Aïr et du Ténéré, capables de faire remonter des informations sur les faits et gestes d’individus au Niger, au Mali ou en Libye, où les communautés touarègue et touboue étendent leur influence.

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Selon l’Institut français des relations internationales, en 2015, Niamey aurait disposé de 2 000 à 3 000 « conseillers » – des notables du Nord pour la plupart – au service de la présidence, de la primature, de l’Assemblée nationale… Leur nombre a depuis été réduit, mais la toile demeure et prend le relais d’un appareil militaire incapable de quadriller tout le territoire.

En contrepartie, Niamey ferme les yeux sur des pans de l’économie transfrontalière, comme ceux gérés à Agadez par Abta Abidine, un ancien adjoint de Kalakouwa, ou à Iferouane par Ghoumour Bidika. Le pouvoir a aussi renoncé à fermer certaines zones d’orpaillage, comme à Tchibarakaten, à la frontière algérienne, où le patron du comité de gestion du site est officieusement chargé de « surveiller » la zone, fréquentée par les jihadistes et les trafiquants.

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