Le koweïtien Agility veut multiplier ses parcs logistiques
Porté par l’explosion du commerce en ligne, qui stimule la demande en entrepôts, le groupe Agility, déjà installé au Ghana, ouvrira trois nouveaux sites dans les prochains mois.
Installé depuis 2016 près du port de Tema (Ghana), le mastodonte de la logistique Agility Group (5,1 milliards de dollars de CA en 2018), coté au Koweït et à Dubaï, veut continuer à semer ses parcs logistiques aux abords des plus grandes villes africaines, sur les axes routiers les plus fréquentés, hors des enclaves portuaires encombrées.
« En Afrique, les containers restent trop longtemps sur les terminaux qui n’ont pas une vocation de stockage », rappelle Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime.
Alors qu’il est entré dans la phase 5 (sur 7) de développement de ses entrepôts au Ghana (100 000 m2 à la fin du projet), le logisticien prépare l’ouverture de parcs en juillet à Maputo (175 000 m2), en octobre à Abidjan (280 000 m2), sur la zone industrielle de PK 24, en face de l’usine Brassivoire, et en novembre à Lagos.
Les distributeurs demandeurs de capacités de stockage
Des projets qui valent, une fois développés, 150 millions de dollars pièce, assure Geoffrey White, DG Afrique d’Agility. Le secteur de l’immobilier logistique, dominé mondialement par les américains Prologis et XPO, est en plein développement sur le continent.
Le dirigeant confie à JA vouloir rapidement enrichir son portefeuille en lançant, dès 2020, des chantiers en RDC, en Angola, en Tanzanie, en Ouganda, en Éthiopie et au Kenya. Un pays où d’autres acteurs, comme Africa Logistics Properties (ALP, dont CDC Group est actionnaire) et Improvon (soutenu par Actis), développent déjà des projets équivalents.
Une demande en entreposage stimulée, selon une récente étude de Knight Frank Africa, par l’arrivée au Kenya des distributeurs Shoprite et Carrefour, qui souffraient jusque-là de capacités de stockage trop réduites et peu sophistiquées.
Un rendement plus élevé que l’immobilier de bureau ou résidentiel
Les investisseurs flairent l’aubaine, puisque, selon Toby Selman, DG d’ALP, les parcs connaissent un rendement de 8,5 %, alors que l’immobilier de bureau a chuté de 11 % en trois ans, à 8 %, et que le résidentiel plafonne à 5,6 %.
Alors qu’ALP prévoit de s’implanter lui aussi en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Maroc et au Nigeria dans les cinq prochaines années, Agility continue de prospecter à Diamniadio (Sénégal) et près de Lomé, promettant des magasins de standard international sécurisés et bien électrifiés. L’objectif fixé est important : déployer un réseau de cinquante parcs d’ici à vingt ans.
Des ambitions guidées par deux facteurs. Outre la croissance du commerce intrarégional qui prendra forme avec la future Zone de libre-échange continentale (Zlec), le dirigeant évoque l’explosion du commerce en ligne, « qui nécessitera, quatre fois plus d’entrepôts que le modèle de commerce traditionnel ».
Moitié multinationales, moitié PME
Si une partie des espaces loués à nu sont dévolus au stockage et à la redistribution de marchandises (biens périssables comme hydrocarbures), l’autre partie des entrepôts sert pour la petite industrie, comme le packaging ou le montage…
Cela prend deux fois plus de temps de construire un entrepôt en Afrique qu’ailleurs
Louée à 100 %, la plateforme ghanéenne accueille ainsi pour moitié des multinationales, comme le géant laitier danois Arla, l’agro-industriel américain Heinz, mais pour l’autre partie des PME auxquelles Agility octroie des conditions avantageuses (seulement trois mois de caution).
« On s’adresse aussi aux entreprises qui ne savent comment s’implanter sur le continent. Un de nos clients voulait investir 8 millions de dollars dans un terrain au Ghana pour installer une usine qui lui aurait permis de sortir son premier produit dans trois ans. Il est venu voir nos installations, a investi moins de 1 million et a pu lancer son produit en trois mois », se plaît à raconter Geoffrey White.
Si la demande est là et si Agility autofinance facilement à 100 % ses projets, leur mise en œuvre est cependant entravée par la bureaucratie et la faible disponibilité foncière. « Cela prend deux fois plus de temps de construire un entrepôt en Afrique qu’ailleurs », confesse le directeur général.
Échec dans la reprise du Suisse Panalpina
Agility a tenté, en avril, de mettre la main sur le géant suisse de la logistique Panalpina. Ce dernier a finalement choisi de se marier avec son compatriote DSV pour former le numéro quatre mondial du secteur.
L’an dernier, le groupe koweïtien, également actionnaire du spécialiste des services aéroportuaires NAS, présent en Côte d’Ivoire et au Maroc, avait déjà envisagé de reprendre tout ou partie du fond dubaïote Abraaj.
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