Finance : les analystes marocains mis à l’épreuve

L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) vient d’imposer une habilitation aux professionnels des sociétés de Bourse et de gestion. Sans elle, impossible d’exercer.

Environ 400 personnes doivent obtenir une carte pour garder leur fonction. © Ho/AFP

Environ 400 personnes doivent obtenir une carte pour garder leur fonction. © Ho/AFP

Publié le 30 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

La bourse de Riyad, en Arabie Saoudite, le 15 juin 2015. © Hasan Jamali/AP/SIPA
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Finance : en attendant la reprise

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Le gendarme de la Bourse s’est décidé à mettre un peu d’ordre dans la sphère financière marocaine en imposant une habilitation professionnelle pour certaines fonctions (contrôleur interne, analyste financier…), malgré la résistance de certains.

L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) met en place une série d’examens à l’issue desquels une carte professionnelle sera délivrée, qui permettra aux candidats d’exercer leur métier.

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Selon le recensement effectué par l’AMMC, 400 personnes travaillant pour des sociétés de Bourse ou de gestion, ainsi que pour des teneurs de comptes, seront concernées dans les prochains mois. « L’habilitation permettra de consolider les connaissances des professionnels, et elle aura un impact positif réel sur l’organisation des métiers, le renforcement des capacités des acteurs et, par là, la protection des investisseurs », explique Nezha Hayat, présidente de l’AMMC.

Standards internationaux

L’objectif de ce processus est avant tout de s’assurer que les professionnels sont assez qualifiés pour le poste qu’ils occupent. Selon le marché, les premières sessions d’examens sont prévues pour la fin de juin et se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. Les analystes financiers seront les derniers à passer ces examens, en ce qui les concerne jusqu’en 2020.

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Pour préparer ce dispositif, dans les tuyaux depuis plusieurs années, l’AMMC a consulté l’ensemble des protagonistes du marché des capitaux marocain. Avec la mise en place de cette habilitation, le Maroc colle enfin aux standards internationaux, mais toute la population ciblée n’est pas convaincue.

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Si l’un des candidats échoue à deux sessions consécutives, il sera obligé de quitter son travail. Il ne pourra le reprendre qu’à condition de réussir l’épreuve et d’obtenir ainsi sa carte professionnelle. L’AMMC assure que les personnes qui n’arriveront pas à atteindre le score minimal à l’issue de la troisième fois seront disqualifiées.

Examen ou contrôle continu

« Globalement, les professionnels qui m’entourent restent extrêmement sceptiques concernant ce point. L’Autorité n’a pas été très explicite, et nous ne savons pas ce qui se passera exactement après trois échecs successifs », souligne le directeur du desk action d’une société de gestion casablancaise.

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Ce qui laisse les acteurs du marché perplexes, c’est qu’ils ne savent pas ce que l’employeur décidera par la suite. « Nos contrats de travail sont clairs. Ils définissent nos fonctions, pour lesquelles nous serons amenés à passer cette habilitation. Si on ne l’obtient pas, je pense que l’on devra changer de métier », redoute un acteur qui ne porte clairement pas ce dispositif dans son cœur.

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Ce qui contrarie encore plus ces professionnels, c’est qu’ils seront dans l’obligation de renouveler périodiquement ladite carte. La première fois, trois années après l’obtention de l’habilitation, la seconde, trois années plus tard – et une troisième sera peut-être nécessaire après le même nombre d’années.

Une fois que la personne cumulera une expérience égale ou supérieure à dix ans, elle sera dispensée de ce processus. L’AMMC a pensé à deux méthodes pour tester les candidats : soit via un examen de renouvellement de l’habilitation, soit via un dispositif de contrôle continu des connaissances.

Lutte contre le blanchiment et le terrorisme

Les candidats seront examinés sur quatorze thèmes, dont les cadres institutionnel et juridique, l’environnement économique, le contrôle interne et la déontologie, la réglementation pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

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