Rebecca Enonchong (AppsTech) : « Il faut accompagner les PME dans leur transformation numérique »

La Camerounaise Rebecca Enonchong, fondatrice d’AppsTech, et militante de la transformation numérique des petites entreprises, va lancer une plateforme de solutions de gestion basée sur l’intelligence artificielle.

Rebecca Enonchong, Cameroun, le 25/avril 2019
© Patrick Nelle pour JA © Patrick Nelle pour JA

Rebecca Enonchong, Cameroun, le 25/avril 2019 © Patrick Nelle pour JA © Patrick Nelle pour JA

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Publié le 4 juillet 2019 Lecture : 2 minutes.

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Emploi du temps chargé pour la Camerounaise Rebecca Enonchong. Si on la croise à Douala, c’est à son retour de Genève, où elle a participé à un colloque sur l’e-commerce à l’invitation de la Cnuced, avant de se replonger dans la gestion d’AppsTech, son entreprise de solutions numériques. Celle-ci fête ses 20 ans et boucle un gros projet : l’accompagnement technologique d’une multinationale pétrolière qui peinait à suivre les données de ses cinq filiales africaines.

Un bel exemple de transformation numérique sur un continent qui, selon elle, part de loin. « Nombre d’entreprises et d’administrations en Afrique ne disposent pas de compte sur les réseaux sociaux. Elles n’en voient pas l’utilité. L’un de mes combats consiste à changer cet état d’esprit », martèle l’ex-consultante d’Oracle. Car l’entrepreneuse a une voix qui porte. En 2017, le magazine New African l’a classée parmi les 100 Africains les plus influents en sciences, technologie et innovation. Elle siège au conseil de start-up, tel AfriLabs. Un parcours peu reconnu par les siens. « Je n’ai jamais été reçue par un responsable de mon pays », regrette-t-elle.

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Ce retard, très marqué en Afrique centrale, touche tous les secteurs, y compris celui des télécoms. Mais pour elle, il constitue une chance pour le continent, qui fera ainsi l’économie du remplacement des technologies existantes, devenues obsolètes. « Les applications ainsi que leurs versions les plus actuelles sont disponibles dans le cloud. Au lieu de les acheter, on peut désormais souscrire des abonnements, comme avec une compagnie des eaux ou d’électricité », soutient cette geek quinquagénaire formée à l’Université catholique d’Amérique.

Passionnée

Pour cela, il faut rendre internet abordable, donner de la considération aux innovateurs africains et améliorer le climat des affaires. Tout un programme ! En attendant, l’un des plus grands besoins des sociétés demeure la collecte et l’analyse des données, souvent éparses. « Trop fréquemment, le service comptable ne communique pas avec les RH, elles-mêmes déconnectées de la logistique, etc. Or, pour qu’une compagnie soit compétitive, le chef d’entreprise a besoin d’une vue d’ensemble pour prendre de bonnes décisions », soutient cette passionnée, tombée dans la marmite des nouvelles technologies lorsqu’elle était cadre financière aux États-Unis.

C’est dans cette optique qu’elle prépare le lancement d’AppsTech Universe, une plateforme bâtie sur l’intelligence artificielle qui réunira toutes les solutions de gestion adaptées aux dirigeants de PME. « Grâce à une commande vocale, le patron aura la situation comptable en temps réel sur son smartphone. Et il sera en contact permanent avec ses fournisseurs et clients connectés sur la plateforme », détaille la patronne, qui assure avoir tenu compte de la spécificité africaine.

« Le cachet sur les documents reste indispensable sur le continent, alors qu’on ne l’utilise plus ailleurs. Chaque patron disposera donc d’un cachet électronique. Le système comptable de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires [Ohada] est aussi intégré à notre application », précise-t-elle.

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Rebecca Enonchong mûrissait cette idée depuis des années. Pour la mettre en œuvre, elle vient de créer une filiale, AppsTech Lab. Les premiers tests sont prévus en juin, en vue d’une mise sur le marché fin 2019. Elle espère réunir plus de 100 000 PME du monde autour de cette innovation d’ici à 2023. Rien que cela !

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