Maroc : enfin coté, Mutandis voit bondir son bénéfice net

Après une tentative ratée en 2015, le groupe marocain d’Adil Douiri est parvenu à lever près de 37 millions d’euros en s’introduisant à la Bourse de Casablanca en décembre 2018. Ses résultats sont un bon signal pour l’entreprise comme pour la place marocaine.

Le patron a fondé l’entreprise en 2008. © Mehdy Mariouch

Le patron a fondé l’entreprise en 2008. © Mehdy Mariouch

Publié le 19 juin 2019 Lecture : 3 minutes.

Du papier frais pour la place de Casablanca ! L’introduction en Bourse, le 18 décembre 2018, du groupe de biens de consommation Mutandis, dirigé par l’homme d’affaires et financier Adil Douiri, 56 ans, a été une bonne nouvelle pour les milieux économiques du royaume. Et pour cause, les investisseurs ont eu bien peu d’entreprises à se mettre sous la dent ces dernières années.

Mutandis n’était ainsi que la deuxième – et dernière – introduction de 2018 après la foncière Immorente, le 11 mai 2018, une autre société de la galaxie d’Adil Douiri. Et l’année précédente n’avait connu aucune introduction à Casablanca, pourtant quatrième marché du continent par la capitalisation.

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Petite revanche

Basé dans cette même ville, Mutandis est un industriel présent dans les détergents (environ 41 % du chiffre d’affaires), les conserves de poissons (36 %), les bouteilles alimentaires (17 %) et, plus modestement, les jus de fruits avec la marque Marrakech, acquise en 2017. Au total, ce groupe compte sept usines au Maroc et environ 2 600 salariés.

Autre bonne nouvelle, à la fois pour Mutandis et pour le marché boursier : l’introduction s’est déroulée dans de bonnes conditions. Elle a porté sur la cession de 27,8 % du capital (à l’issue de l’opération), soit 400 millions de dirhams (36,9 millions d’euros) : 215 millions par augmentation de capital et 185 millions par cession de parts des actionnaires existants. Les titres proposés ont été sursouscrits 2,5 fois, et la capitalisation est ressortie à 1,435 milliard de dirhams, soit 130 millions d’euros environ.

Une petite revanche pour Adil Douiri car, en 2015, les autorités boursières avaient refusé leur visa à un projet d’introduction pour cause de dossier insuffisant. Cette fois, l’Autorité marocaine du marché des capitaux, dirigée par Nezha Hayat, avait donné son feu vert mi-novembre 2018.

Des actionnaires variés

S’appuyant sur ses multiples relations, Adil Douiri, touche-à-tout en politique et dans les affaires, est parvenu à convaincre le petit monde de la finance de prendre un ticket dans son groupe : 70 % des souscripteurs de l’entrée en Bourse étaient des institutionnels. De quoi renforcer la structure financière de Mutandis et permettre aussi une respiration dans l’actionnariat déjà très diversifié du groupe qu’Adil Douiri a créé en 2008 avec des proches.

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Issu d’une grande famille fassie, cet ingénieur des Ponts-Paristech a commencé sa carrière chez Paribas et a notamment été ministre du Tourisme de 2002 à 2007. Longtemps proche d’Othman Benjelloun, patron de Finance.com et patriarche du monde financier marocain, Adil Douiri a aussi participé à la création ou au développement de nombreuses entreprises dans la banque (Casablanca Finance Group), la distribution (Mutandis Auto, l’importateur de Seat), l’immobilier (Immorente) et donc dans l’industrie, avec Mutandis.

>>> À LIRE – Bourse : Adil Douiri, l’enfant terrible de la finance marocaine

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Cette société n’était au début qu’un des holdings de participation d’Adil Douiri et de ses partenaires. Elle s’est transformée peu à peu en véritable groupe industriel, selon un modèle diversifié et faiblement risqué « à la Unilever », dixit Adil Douiri, qui n’en détient que 8,1 %. De fait, organisé sous forme de société en commandite par actions, Mutandis a été soutenu dans son développement par des actionnaires variés, et pour la plupart très en vue.

Pas d’augmentation des dividendes

Parmi eux, on compte l’assureur RMA (filiale de Finance.com), l’homme d’affaires Mohamed Ben Thami Tazi, Label’Vie, Holmarcom (famille Bensalah) ou encore le fonds espagnol Inversiones Frieira. Certains, tel ce dernier ou Holmarcom, ont profité de l’IPO pour s’alléger, voire sortir. Mutandis est pourtant, selon Adil Douiri, promis à un avenir radieux.

Comme suggéré lors de l’entrée en Bourse, les résultats 2018 publiés début février 2019 se sont révélés excellents. Mutandis a vu son bénéfice net bondir de 41,6 %, à 71 millions de dirhams, pour un chiffre d’affaires de 1,368 milliard de dirhams, en hausse de 7,8 %. Un bon message en direction des actionnaires individuels, qui ne verront toutefois pas le dividende augmenter cette année.

Ils ont accompagnés le deal

Conseils de Mutandis : CFG Finance (Mohamed Benhaddou) et Société générale marocaine de banques (Hamza Bekkali)

Co-chefs de file du syndicat de placement : CFG Finance, Société générale marocaine de banques, Upline, BMCE

Conseiller juridique : Naciri & Associés Allen & Overy (Hicham Naciri)

Commissaires aux comptes : Fidaroc Grant Thornton (Faïçal Mekouar) et A. Saaidi & Associés (Bahaa Saaidi)

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