Au Cameroun, ces hommes d’affaires qui font un retour remarqué dans le pays

Après avoir fait leurs armes en Europe, ils ont décidé de développer leur activité au pays. Dans leurs bagages : une solide expérience, mais aussi une soif d’innover.

William Fotchine © Vincent Fournier/JA

William Fotchine © Vincent Fournier/JA

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Publié le 31 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Un drapeau camerounais durant la campagne présidentielle de 2018. Photo d’illustration. © Sunday Alamba/AP/SIPA
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Le Cameroun en équilibre instable avant les législatives

Confronté à la crise anglophone, aux attaques de Boko Haram et au ralentissement économique, le Cameroun est dans une position délicate. Dans un tel contexte, les élections législatives de novembre font office de véritable troisième tour, notamment pour le chef de l’État Paul Biya.

Sommaire

• William Fotchine, pionnier de la déco

William Fotchine © Vincent Fournier/JA

William Fotchine © Vincent Fournier/JA

Bien sûr, William Fotchine continue de passer régulièrement en Auvergne, où vit sa famille, et à Paris, où est installé le siège de Coplacam Design and Build, l’entreprise qu’il a fondée en 2007. Mais le Camerounais est en train de se réinstaller dans son pays, à mesure qu’avance son nouveau projet : une activité d’importation de plaques de fibres-gypse et de design d’intérieur. « Je commence par le Cameroun parce que c’est mon pays d’origine, mais aussi parce que c’est un endroit où l’on construit énormément et où, comme ailleurs sur le continent, la décoration intérieure est encore une expertise très marginale », confie l’entrepreneur de 53 ans.

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Pour convaincre ses futurs clients, William Fotchine s’est lancé dans la construction d’une matériauthèque dont l’inauguration est prévue dans le courant de juin à Yaoundé. Ce show-room servira à promouvoir un savoir-faire déjà largement reconnu en France, où ce self-made-man a rénové ou réaménagé plusieurs sièges sociaux d’entreprise, des hôtels particuliers et des boutiques de luxe. Si William Fotchine n’est pas diplômé en architecture, il sait pouvoir s’appuyer sur ses talents de vendeur pour séduire les clients. Et ses nombreux projets en 3D, stockés dans un ordinateur qui ne le quitte jamais, suffisent à les rassurer. En France aujourd’hui, et au Cameroun demain.

• Christian Ngan, du capital au végétal

NGAN © DR

NGAN © DR

Christian Ngan a réalisé le grand saut en 2012. Alors qu’il avait réussi à trouver ses marques dans le monde très fermé de la finance parisienne, notamment chez le capital-investisseur Quilvest Private Equity, il décide de tout plaquer pour rentrer dans son pays d’origine.

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Écœuré par le phénomène de dépigmentation volontaire de la peau qu’il a constaté lors de son passage en Europe, Christian Ngan se saisit de ce problème de santé publique. Il veut formuler des alternatives à l’utilisation massive de produits éclaircissants, dangereux pour la santé de leurs utilisateurs. Il se lance ainsi dans la fabrication de cosmétiques à base d’actifs végétaux 100 % naturels et fonde sa propre marque, Madlyn Cazalis.

J’ai dû attendre trois ans d’activité pour toucher 10 millions de F CFA (environ 15 000 euros)

Un sacré pari pour ce diplômé de l’École de management de Lyon, également titulaire d’une maîtrise de gestion obtenue à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris – défi d’autant plus difficile à relever qu’au Cameroun l’accès au financement reste la difficulté majeure pour tout investisseur. « J’ai dû attendre trois ans d’activité pour toucher 10 millions de F CFA (environ 15 000 euros). Ce qui ne m’a pas empêché, malgré le manque de moyens financiers, d’afficher un très bon bilan », raconte Christian Ngan qui, à 35 ans, continue d’afficher un optimisme sans faille.

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Madlyn Cazalis propose désormais vingt-cinq produits (à base d’aloe vera, de beurre de cacao, de citron, d’avocat, de concombre…), distribués dans plus de 200 points de vente répartis sur le territoire camerounais. Afin d’augmenter ses capacités de production, il fait construire une nouvelle usine à Yaoundé, pour un coût de 1,5 milliard de F CFA. Car ­l’ancien banquier ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il teste aujourd’hui le marché gabonais et vise celui de la Côte d’Ivoire.

Christian Kouam, un virage bien négocié

Christian Kouam (Cameroun), ancien ingenieur chez Volkswagen a Wolfsburg (Allemagne), il vient de creer l'Autohaus Volkswagen, concessionnaire exclusif du constructeur. A Douala, le 15.05.2019. Photo Max Mbakop pour JA. © Max MBAKOP TCHIKAPA pour JA

Christian Kouam (Cameroun), ancien ingenieur chez Volkswagen a Wolfsburg (Allemagne), il vient de creer l'Autohaus Volkswagen, concessionnaire exclusif du constructeur. A Douala, le 15.05.2019. Photo Max Mbakop pour JA. © Max MBAKOP TCHIKAPA pour JA

Christian Kouam, bientôt 45 ans, a passé vingt ans de sa vie en Allemagne. En 2015, il a plié bagage pour rentrer au Cameroun. « Après tant d’années passées à l’étranger et toutes ces connaissances acquises, il était temps pour moi de rentrer transmettre mon expérience aux plus jeunes. » Exit Wolfsburg et ses quinze années d’expérience comme ingénieur chez le premier constructeur européen, Volkswagen. Un départ qui en a surpris plus d’un, notamment au sein de la communauté des 8 000 ingénieurs camerounais présents outre-Rhin, où Christian Kouam était devenu une référence.

Également titulaire d’un doctorat en management, il décide alors de démarrer une nouvelle vie d’entrepreneur. S’appuyant sur ses relations privilégiées avec Volkswagen, il en devient le représentant exclusif à Douala. À peine débarqué, il mobilise 1,5 milliard de F CFA (2,3 millions d’euros) et rachète le fonds de commerce d’une vieille concession automobile. Quatre ans plus tard, l’Autohaus Volkswagen Cameroun emploie vingt-cinq personnes et dispose de 3 500 m² de garages, bureaux et parkings, dans le quartier d’affaires d’Akwa.

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Mais Christian Kouam a un autre motif de fierté. Bien décidé à développer les transferts de compétence en faveur de son pays, il a créé, toujours à Douala, l’Automotive Service Training Academy (Asta). La première promotion de seize techniciens de l’automobile a été diplômée en 2018.

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