Moussa Faki Mahamat : « À Alger comme à Khartoum, il faut éviter le chaos »

Transition au Soudan, crise en Libye, situation au Cameroun anglophone… Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), revient sur les dossiers sensibles qui agitent le continent.

Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), à Paris, le 9 juin 2019. © Vincent Fournier/JA

Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), à Paris, le 9 juin 2019. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 18 juin 2019 Lecture : 8 minutes.

Moussa Faki Mahamat n’est pas homme à se précipiter lorsqu’il s’agit de commenter les dossiers sensibles sur la table de l’Union africaine (UA). Élu en janvier 2017 à la tête de la Commission de l’UA, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Idriss Déby Itno (2008-2017) jongle avec les crises. Qu’ils concernent la transition au Soudan ou le chaos libyen, les mots « consensus » et « compromis » reviennent régulièrement dans la bouche de ce diplomate de 58 ans.

Aux antipodes de son prédécesseur, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, réputée « plus impulsive », Moussa Faki Mahamat se montre fidèle à l’image d’homme en perpétuelle quête d’équidistance que lui prêtent ceux qui le côtoient. « Pragmatique et réformateur », au dire d’un diplomate rwandais, « il a surtout compris que, pour tenir, il fallait préférer la concertation à la confrontation avec les chefs d’État », explique un autre fonctionnaire en poste au Sahel. De passage à Paris au début de juin, il a reçu JA dans le luxueux hôtel parisien où il résidait, à une centaine de mètres des Champs-Élysées.

Jeune Afrique : L’UA a suspendu le Soudan jusqu’à nouvel ordre. Quel rôle souhaitez-vous désormais jouer ?

Moussa Faki Mahamat : À Khartoum, le changement de régime a pris l’allure d’un coup d’État. Le Conseil militaire de transition [CMT] avait deux mois pour transmettre le pouvoir à un gouvernement civil. Nous étions presque parvenus à un accord quand les événements du début du mois de juin ont tout remis en question [la répression a fait une centaine de victimes parmi les manifestants].

Nous continuons de croire qu’il faut un consensus entre les parties pour que les conditions d’une élection transparente soient réunies. Et, même si nous avons dû prendre des mesures, cela ne veut pas dire que nous suspendons notre médiation et notre facilitation. Nous avons un envoyé spécial sur place et nous continuons à travailler avec l’Igad [Autorité intergouvernementale pour le développement].

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